Un essai sur les métamorphoses du conflit social et son évolution depuis le XIXe siècle : comment l'exploitation économique laisse place à la gestion de l'entreprise, les revendications de pouvoir à la question politique de la citoyenneté.
Le point sur les lieux du conflit (l'usine relayée par l'« étatisation du conflit salarial ») et sur les mobilisations liées à ce dernier (de la « mobilisation générale » aux conflits de règles).
Une analyse des assises du conflit (les classes moyennes ont remplacé les ouvriers), de sa socialisation (des solidarités de base à l'État-providence) et de ses enjeux (la « privatisation des mouvements sociaux » succède à la révolte du travail).
Une réflexion sur la nature du conflit les « communautés de luttes » tendent à remplacer les conflits de classes ; et sur la théorie du conflit : la notion de citoyenneté politique tend à accompagner la régulation du système.
Guy GROUX est sociologue et directeur de recherches au CNRS. Il a publié, avec Catherine Lévy, La Possession ouvrière (Éditions de l'Atelier, 1993) et avec Guillaume La Chaise (pseudonyme collectif), Crise de l'emploi et fractures politiques (Presses de Sciences Po, 1995).
De la CFTC au Congrès de 1964 qui lui donne naissance, de mai 1968 à nos jours, la CFDT se caractérise par un itinéraire particulier et une place à part dans le système syndical français. Catholicisme social et humanisme chrétien, syndicalisme dans l'entreprise et autogestion, primat des luttes et planification démocratique, nouveau type de développement, dénonciation du corporatisme comme de tout totalitarisme, affirmation du pouvoir contractuel et du syndicalisme de régulation, construction d'un espace social européen : thèmes contradictoires, qui marquent l'évolution de la centrale. Originale par son histoire et par ses options, la CFDT l'est aussi par sa sociologie. Ancrée chez les employés, elle s'est ouverte aux ouvriers et techniciens puis aux cadres. Aujourd'hui la crise économique et les phénomènes complexes qui l'accompagnent secouent les bases sociales de l'organisation qui perd des adhérents et connaît des affrontements internes très vifs sur la réponse à apporter aux évolutions en cours. Adoptant une lecture historique de la réalité de la CFDT, cette synthèse, qui repose sur une documentation très dense et des entretiens originaux, refuse tout à la fois les anachronismes, les a priori officiels et la vulgate oppositionnelle.
Depuis plus de trente ans, le dialogue social est le fruit d'une institutionnalisation toujours plus poussée au point de supplanter la négociation collective. Cet ouvrage s'intéresse aux rapports entre le dialogue social et le politique, et analyse comment ceux-ci se sont transformés. Si l'entreprise est devenue un acteur doté d'une autonomie contractuelle accrue, ce sont des thématiques nationales voire internationales qui structurent ce dialogue. L'emploi et la performance économique, en particulier, constituent les termes d'un nouveau compromis historique entre les partenaires sociaux et l'État. À côté de ce paradigme dominant dans les relations contractuelles, l'aspiration à une démocratie sociale se fait jour, encouragées par divers textes portant sur la gouvernance des entreprises.
Martial Foucault est professeur des universités en science politique à Sciences Po et directeur du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po, CNRS).
Directeur de recherche honoraire au CEVIPOF, Guy Groux est sociologue.
Jamais les potentialités du dialogue social n'ont été aussi fortes. Jamais la loi n'avait donné autant d'autonomie aux partenaires sociaux (des lois Larcher aux ordonnances Macron). Pourtant, au regard de l'opinion, le rôle du dialogue social reste ambigu et son efficacité toujours mise en doute. Quant aux partenaires sociaux, ils le considèrent avec défiance : certains syndicats le tiennent pour un simple accompagnement des stratégies patronales, tandis que nombre d'employeurs lui préfèrent l'individualisation des relations dans l'entreprise. Comment rompre avec ces perceptions et ces attitudes ? Comment rénover en profondeur un dialogue social qui reste prisonnier des logiques anciennes de conflits et de défiance ? C'est l'objet de ce livre, qui mêle histoire, analyse sociologique et pratique syndicale, et qui conclut sur un manifeste pour donner un nouvel élan au dialogue social. Guy Groux est sociologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et directeur de l'executive master « Dialogue social et stratégie d'entreprise » à Sciences Po. Michel Noblecourt est journaliste au journal Le Monde, spécialiste des syndicats et de la gauche politique. Jean-Dominique Simonpoli, ancien responsable de la CGT, dirige l'association Dialogues, dédiée au dialogue social. Il est l'auteur de rapports remis à Muriel Pénicaud, ministre du Travail. Avec les contributions de : Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Jean-Dominique Senard (P-DG de Michelin) et Jean-Denis Combrexelle (conseiller d'État et auteur d'un rapport qui a influencé les récentes lois sur le travail).
Qui doit produire les normes sociales en France ? L'État, les partenaires sociaux ? Ces questions, les mouvements sociaux contre la réforme du Code du travail en 2016 et 2017 puis ceux sur les retraites en ont montré l'actualité. Depuis quelques années, on voit évoluer, parfois radicalement, des situations dont certaines sont issues de lointains héritages historiques comme celui de la Révolution ou le programme du Conseil national de la Résistance.
Longtemps, en France, le politique et les partenaires sociaux ont relevé d'un rapport de subordination : le politique croyait en sa " toute-puissance " et l'État décidait, intervenant systématiquement dans le domaine social et dans les relations professionnelles. Longtemps aussi, une défiance mutuelle a régné entre syndicats et représentants du patronat. Aujourd'hui, l'autonomie et l'initiative gagnent les partenaires sociaux, et souvent la confrontation ou l'opposition laissent place à d'autres formes de relations, voire à des compromis autrefois considérés comme des compromissions.
Cet ouvrage propose une mise en perspective des rapports entre la démocratie sociale et le politique tels qu'ils se développent du xixe siècle à nos jours, dans les débats d'idées, les échanges théoriques. Il précise le rôle de ses acteurs, les syndicats bien sûr mais aussi celui de certaines institutions sociales ou de certaines forces politiques. Il aborde aussi l'environnement international de la France, afin de mieux situer son expérience singulière, la place de l'entreprise et son émergence comme " enjeu sociétal ". Il considère enfin les tendances plurielles qui se définissent aujourd'hui pour former la " démocratie sociale à la française " de demain.
Le souvenir des grèves de Mai 68 reste vivace en France. Pourtant, ici comme ailleurs, le nombre et les jours de grève baissent depuis vingt ans. Ce recul marque-t-il l'avènement dun monde du travail pacifié et assagi ou n'est-il que leffet de la pression exercée par la menace du chômage et de la précarité sur les salariés ?Fort dune approche historique, théorique et empirique de la grève, en France comme en Europe, cet ouvrage met en évidence l'ambivalence des évolutions actuelles : les mutations de lemploi ont contribué à affaiblir lusage de la grève comme recours pour les salariés, mais les métamorphoses de la grève n'impliquent pas pour autant l'extinction des mobilisations protestataires dans le monde du travail.La grève n'est plus aussi centrale au sein des conflictualités sociales. Elle s'inscrit plus souvent dans un halo de mobilisations qui relèvent d'autres registres contestataires (pétitions, manifestations, etc.) mais qui reprennent à leur manière l'esprit de coalition et de résistance qui la caractérise depuis sa naissance.
Cette investigation originale sur la CFDT associe pour la première fois une enquête qualitative et une enquête quantitative. Cette dernière a été effectuée auprès d'un échantillon représentatif de 1 503 syndicalistes dont l'adhésion s'étend des années 1960 aux années 2000. Ensemble, ces deux enquêtes permettent de saisir les traits de continuité et de discontinuité qui marquent l'histoire et lunivers de ce syndicat.Sensuit une analyse du rapport au politique des adhérents, entendu ici au sens large du terme : vote, sympathies partisanes et engagement politique. Mais aussi : action syndicale dans lentreprise (défense des droits sociaux, références à la grève, à la négociation, au compromis social, au capitalisme) ; réalisme économique face au volontarisme social ; Europe, mondialisation, immigration ; égalité, laïcité, appartenance de classe, famille ; école et grandes doctrines politiques (social-démocratie, libéralisme, humanisme chrétien, autogestion, marxisme).Par-delà ses résultats, lenquête révèle un réformisme de la CFDT, produit des évolutions parfois heurtées de la centrale et modèle daction privilégié par les adhérents dans la société française daujourdhui.Martine Barthélemy, Guy Groux et Henri Rey sont membres du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Claude Dargent appartient au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris et au Cevipof. Leurs travaux portent sur le syndicalisme, les études politiques ou lengagement associatif.
Un historique de la CGT et des crises survenues depuis le début du siècle, suivi d'une analyse de la crise actuelle (1975-1991).