Ce livre entend combler une lacune, celle de la méconnaissance de la contre-culture au Québec, un phénomène majeur qui, au cours d'une décennie particulièrement effervescente, a traîné dans son sillage des milliers de jeunes gens que l'extrême gauche ou le néonationalisme - des courants rivaux, si l'on peut dire - n'attiraient pas. Assez étrangement, peu d'études existent sur ce mouvement, sa sensibilité particulière et ses manifestations symboliques, d'où l'intérêt de cet ouvrage qui vise précisément à dresser le panorama de ses artistes et de leurs productions les plus marquantes, de l'Infonie au Jazz libre du Québec, en passant par Victor Lévy-Beaulieu, Josée Yvon, Mainmise ou le Front de libération homosexuel.
À partir de la contribution de spécialistes de divers domaines - musique, littérature, théâtre, cinéma, art visuel, sociologie -, le livre fait le point sur ce vent de contestation qui a balayé l'Amérique des années 1960 et 1970 et sur ce qu'il a semé dans un Québec « hors de la carte », selon les mots de Raôul Duguay, l'un des plus célèbres représentants de la mouvance québécoise.
Voix et Images consacre son numéro printemps-été au poète francophone d'origine ontarienne Patrice Desbiens. Actif depuis les années 70, établi au Québec depuis 1988, Patrice Desbiens est l'auteur d'une oeuvre abondante « qui réussit la prouesse de faire et dire beaucoup en peu de mots. » Ce dossier se veut surtout un premier effort collectif de sonder une oeuvre, qui malgré l'engouement qu'elle suscite, n'a encore fait l'objet d'aucune publication d'envergure, monographie, dossier thématique ou volume issu d'un colloque. Comprenant cinq études, le numéro propose d'examiner les « postures vocales » du poète (Marc André Brouillette), les manifestations et effets de « décalage » (Thierry Bissonnette), les dimensions narratives de ses textes (Frédéric Rondeau), la mise de l'avant d'expériences partagées dans un contexte capitaliste (François Paré) et une réflexion sur sa consécration (Lucie Hotte).
Le numéro d'automne de la revue Histoire Québec vous propose un retour sur le forum « Découvrir la métropole par ses quartiers » organisé conjointement l'automne dernier par le Laboratoire d'histoire et de patrimoine de Montréal (Département d'histoire de l'UQAM), les Archives de la Ville de Montréal, l'Écomusée du Fier monde, le Coeur des sciences de l'UQAM et la Fédération Histoire Québec. Trois étudiants des cycles supérieurs ont joué les « historiens-reporter » afin de rendre le contenu du forum accessible au plus grand nombre. Laissez Jean-Denis Rondeau, Roch Montpetit et Jordane Labarussias vous faire découvrir le patrimoine montréalais à travers le cours mythique de Paul-André Linteau, l'expérience d'une classe de cinquième du quartier Centre-Sud, les défis rencontrés par la Société d'histoire d'Ahuntsic-Cartierville dans la préservation de leur patrimoine, et la question du numérique dans la valorisation du passé. Découvrez aussi « L'autre Place des Arts » en bande dessinée et des circuits historiques interactifs à télécharger.
Cas à peu près unique dans la littérature québécoise, André Major, qui a contribué à la définir et à la promouvoir, entend n'y participer qu'à partir d'un écart, d'une certaine "retraite" maintes fois figurée et thématisée dans ses écrits, et bien avant la rédaction des carnets, comme le montre le dossier de ce numéro. L'originalité et le paradoxe de cette position - et des textes qui l'aménagent et la défendent -semblent en justifier l'examen, à la fois dans les publications les plus récentes et dans l'ensemble de l'oeuvre, qui gagne à être ainsi rétrospectivement réévaluée. De plus, ce numéro comprend une bibliographie de l'auteur, un entretien et un inédit. Vous pourrez aussi y lire un article de David Bélanger sur l'autofiction ainsi que les chroniques de Pascal Riendeau, d'André Brochu et de Lucie Robert.
Le dossier de ce numéro d'automne est le premier d'une série de deux consacrée à l'essayiste André Belleau, cofondateur de la revue Liberté et professeur à l'UQAM. Cet incontournable de la vie savante québécoise des années 1960 à 1980 s'est enflammé sur des sujets aussi importants que le nationalisme, la recherche en littérature ou le rôle particulier de l'intellectuel dans la société. Ce premier volume porte précisément sur l'écriture de l'essayiste, pour découvrir « comment ses énoncés de savoir se collent à une subjectivité, à une manière, à un style ». Une dizaine d'auteurs s'attaquent, avec une surprenante méthode critique, à l'héritage de celui que l'on a parfois nommé le Barthes québécois. Évaluation esthétique de l'oeuvre, essais autoréférentiels, traque ludique de l'« essayiste fictif », culture et classes sociales, autant de thèmes abordés dans ce numéro de la revue Voix et images : « Tout le problème serait peut-être qu'André Belleau s'avoua toujours intellectuel, et ne put jamais vraiment, jamais totalement, être écrivain ».
Tout au long de leur oeuvre, les poètes Michel Beaulieu et Gilbert Langevin se sont immiscés dans la « sombre intimité » de l'homme : le premier accorde une place importante à l'évocation des souvenirs et porte une attention soutenue aux événements rythmant le quotidien ; le second cherche à rendre compte, inlassablement, d'une pauvreté originelle propre à la condition humaine. Influencés par la poésie du pays, les auteurs à l'étude dans cet essai ont emprunté aux courants littéraires des années 1970 (nouvelle écriture et contre-culture), sans toutefois se réclamer à part entière d'un groupe ou d'une esthétique. Difficilement classables, ils se sont plutôt astreints à une démarche et à une recherche poétique résolument individuelles. Ce livre propose une analyse du rapport à la communauté de ces deux poètes constamment tiraillés entre le désir d'appartenir à un ensemble et la volonté de demeurer à l'écart, d'affirmer une irréductible singularité. Pour Beaulieu et Langevin, la véritable filiation ne s'établit pas depuis ce que les hommes partagent, mais bien par ce qui leur manque.