C'est avec les oeuvres de Haydn, Mozart et Beethoven, qualifiées de « romantiques » par E.T.A. Hoffmann au début du xixe siècle, que la musique instrumentale a supplanté la musique vocale. Ainsi est née, en relation avec l'ensemble des conceptions philosophiques, esthétiques et poétiques du Romantisme, l'idée d'un art musical « autonome », d'une « musique absolue » dont les significations ne sont plus liées à un texte ou à une fonction. Cari Dahlhaus retrace l'histoire d'un concept qui est au fondement de notre culture musicale, et ce à partir des textes fondateurs de Tieck et Wackenroder, Hoffmann, Herder, Novalis ou Schlegel, jusqu'au symbolisme français de Mallarmé et Valéry, en passant par les réflexions théoriques de Wagner, Schopenhauer, Hegel, Nietzsche et Hanslick. Il souligne ce que cette conception de la musique doit à la quête romantique de l'Absolu, à une métaphysique de l'art où les idées philosophiques et théologiques sont réinterprétées dans le médium artistique.Cet ouvrage fondamental du musicologue allemand replace les questions musicales à l'intérieur du mouvement général de la pensée, et éclaire la généalogie de nos idées contemporaines sur l'oeuvre, sur la forme du concert, et sur la signification de la musique, idées qui sont devenues, dans bien des cas, une « seconde nature ».
Ce volume regroupe tous les essais de Carl Dahlhaus sur la Musique Nouvelle publiés entre 1965 et 1971. Ils traitent des problématiques soulevées par la musique de l'après-guerre, sous un angle tantôt technique, tantôt esthétique, tantôt sociologique. Les questions du rythme, du timbre, de la notation, du matériau, de la forme croisent ainsi les concepts d'avant-garde et d'oeuvre autonome, les problèmes du sens et du non-sens, de la musique engagée, des genres musicaux... La méthode de ce musicologue aux connaissances encyclopédiques vise à cerner aussi objectivement que possible une notion, une idée, une oeuvre ou une tendance tout en les replaçant dans un vaste contexte esthétique et historique. Elle se présente ainsi comme une médiation indispensable entre les oeuvres proprement dites, les conceptions qui leur sont liées, et une réception riche de sens. « La réflexion qui s'attache à la musique, ou même à la littérature, n'est aucunement étrangère à la musique : elle en fait partie en tant qu'événement historique, voire en tant qu'objet de perception. Ce qui se perçoit de la musique dépend, en partie, de ce qu'on a lu à son propos ».
L'Esthétique musicale classique et romantique (1988), l'ultime ouvrage de Carl Dahlhaus, est une présentation de la réflexion musicale entre l'« époque-seuil » (Kosellek) située autour de 1770 et les décennies tardives du XIXe siècle, qui marquent le début de la modernité. Même s'il traite essentiellement de l'Allemagne, cet ouvrage est universel, dans la mesure où l'esthétique musicale allemande, en particulier durant la décennie décisive ouverte par la Critique de la faculté de juger de Kant (1790) et close par les Fantaisies sur l'art de Ludwig Tieck (1799), a été à la pointe de l'évolution européenne. Le romantisme fut un phénomène d'esthétique musicale avant de devenir un phénomène musical ; il s'affirma comme mode d'écoute avant de pénétrer les styles et les formes de la composition. Parmi les faits les plus curieux de l'époque sur laquelle le livre est centré, figure la simultanéité des esthétiques musicales classique et romantique. Néanmoins, l'esthétique musicale classique demeurait vers 1800 rudimentaire, parce qu'il n'y avait pas de liaison efficace entre Vienne, le lieu du classicisme musical, et le foyer essentiel de développement de la réflexion sur la musique, le centre et le nord de l'Allemagne. À certains égards, le grand critique musical autrichien Eduard Hanslick (+1904), qui a été injustement traité de formaliste, est l'esthéticien qui a réussi à donner une formulation légitime de l'esprit de la musique classique. C'est d'elle que purent partir plus tard, bien que sans le dire, August Halm et Heinrich Schenker.
À travers une série d'essais écrits entre 1964 et 1988, Carl Dahlhaus (1928-1989) aborde les différents aspects de l'oeuvre et de la pensée d'Arnold Schoenberg. Sa réflexion porte aussi bien sur les dimensions strictement compositionnelles que sur des questions esthétiques. C'est ainsi qu'il s'attache aux notions de « musique à programme », de « variation développante » ou de « prose musicale », comme aux questions liées à l'atonalité et au dodécaphonisme, ainsi qu'aux relations de Schoenberg avec la tradition et aux polémiques qu'il a suscitées. Les textes esthétiques situent le compositeur dans un vaste horizon historique, philosophique et musical. Les analyses font apparaître la cohérence des oeuvres en s'attachant avant tout au sens musical. Les concepts et les idées sont inscrits dans une perspective historique, épistémologique et musicale qui en éclaire avec précision la signification. Ces essais, écrits dans une langue à la fois dense et précise, et riches d'un savoir immense, constituent une somme et une référence indispensable. Ce livre qui regroupe tous les essais que Dahlhaus a consacrés à Schoenberg permettent d'approfondir l'oeuvre et la pensée d'un compositeur qui a marqué l'histoire de la musique et en a bouleversé le cours.
Streifzug durch die Geschichte der Musik. Carl Dahlhaus und Norbert Miller erläutern, wie sich die traditionelle Opernform und der neue sinfonische Stil seit 1770 gegenseitig befruchten. Die Geschichte dieser Symbiose ist die Geschichte der klassisch-romantischen Musik als eine einheitliche Epoche. An ausgewählten Ereignissen werden die Umbrüche ebenso wie die kaum merkbaren Veränderungen sichtbar gemacht. Der zweite Band setzt in der Epochenmitte bei den Opern Webers und Spontinis ein. In Kapiteln über Rossinis Pariser Karriere, über Meyerbeer und die grand opéra, über Berlioz' und Schumanns Versuche einer "Opéra de concert" und über Verdis und Wagners musiktheatralische Neuerungen gehen die Autoren der Ästhetik der romantischen Oper und der Idee der symphonischen Dichtung auf den Grund.