Une maison partagée en deux habitations jumelles, que ne sépare qu'une mince cloison laissant filtrer les rires, les cris, les chuchotements. D'un côté vit Rose avec son mari et leur petite fille, Boucles d'or. Rose vient de perdre un bébé en cours de grossesse et traverse une dépression où s'agitent ses désirs inavouables pour des femmes. De l'autre Nour est la fille secrètement rebelle d'une famille nombreuse d'origine marocaine, qui feint la soumission tout en repoussant constamment les frontières imposées à son sexe. Sur la double trame de la cohabitation des communautés et de l'émancipation féministe, Aliénor Debrocq livre le portrait complexe de deux femmes dans un moment de crise qui remet en cause leur manière de vivre le couple, la sexualité et l'amour...
« Aux origines de ce livre, il n'y avait rien d'autre qu'un billet d'avion pour Saint-Pétersbourg et le nom de Lily Brooks, ma jumelle américaine. Tout le reste s'est révélé au fil des cent jours de cet automne-là, au cours duquel j'avais résolu d'écrire un roman. »
Entremêlant enquête policière et quotidien d'une journaliste prise dans les méandres de sa propre imagination, Cent jours sans Lily explore les steppes russes et la côte américaine en quête de réponses sur l'amitié, la création et le désir d'ailleurs.
"talent confirmé. Dans ce livre foisonnant, on décolle de Bruxelles pour Saint-Pétersbourg pour repartir sur la Côte américaine, on croise des peintres, des écrivains, des photographes, on passe de réflexions sur la littérature à une enquête policière, ... La plume est fluide, pleine de naturel et d'intelligence. " Anouk Van Gestel - Bazar
Aliénor Debrocq est autrice, journaliste et professeure de littérature contemporaine. Trentenaire féministe, polyamoureuse et titulaire d'un doctorat en histoire de l'art, ses deux recueils de nouvelles(Cruise control et À voie basse , chez Quadrature), ont été primés à plusieurs reprises. Son premier roman, Le tiers sauvage (Luce Wilquin), a quant à lui été nommé au prix Première 2019.
« Un truc glauque, pensait-elle. Écrire un truc bien glauque entre deux tétées. Pour s'échapper. Retrouver un peu de consistance, suspendre la dilution. Celle des fluides - lait maternel, salive du nourrisson, pipis
en série. Celle de l'amour absolu dont elle avait longtemps rêvé mais qu'elle n'imaginait pas rencontrer dans le regard bleu foncé et les gazouillis naissants d'un tout petit bout de fille. »
Tout commence sans crier gare, par une attente longue de promesses. Neuf mois dans la pénombre d'un corps de femme. Puis vient la vive lumière du premier jour et, avec elle, les étincelles, les compromis, les portes qui claquent. Treize nouvelles pour dire l'éblouissement, la peur, la joie, l'intimité des chambres et la dureté du monde où s'amorcent ces vies, dans un grand silence ou un grand bruit.
Aliénor Debrocq vit à Bruxelles, où elle est journaliste et professeure de littérature. Le reste du temps, entre écriture et broutilles quotidiennes, elle a choisi : elle s'assied face à son vieux secrétaire et tourne ledos à la poussière.
Ils avancent sur une route. Ils suivent une trajectoire. Ils n'en sont pas toujours conscients. Ils roulent. A vitesse de croisière. Vitesse contrôlée. Ils ne savent pas très bien quelle est cette route. Où elle les mène. Ils sont seuls. Parfois, une rencontre, un rapprochement, une complicité inattendue. La sensation que tout est à nouveau possible. Le plus souvent, un dérapage, une dérive, un tournant. La perte des certitudes. La perte de ce régulateur de vitesse qui semblait animer leur vie. C'est tout autre chose qui s'ouvre alors devant eux.
À l'instar de ceux qui distinguent sciences dures et sciences molles, on peut dire que la revue Moebius, par ses numéros thématiques, propose dans chaque appel à textes une « contrainte molle » à ses collaborateurs, par opposition aux « contraintes dures » façon Oulipo. Il arrive cependant que par accident (ou non) la perspective se déplace, qu'une force délicieusement centrifuge nous tire hors du chemin balisé du thème ou de la contrainte. Tout à coup nous éprouvons le vif besoin d'être dépaysé, voire égaré; de nous découvrir pauvre en thème. C'est ainsi que ce numéro 145 « Comme il vous plaira » s'est élaboré, au fil des rencontres le long de chemins de traverse et de « sentiers qui bifurquent ».