« C'est quoi, "être émerveillé" ? Est-ce être heureux quand on est embrassé par celui que l'on aime ? Quand il me dit un gentil mot ? Quand on sait que le soir, il y aura un repas entre amis ? - Non, cela arrive tout d'un coup. C'est imprévisible. C'est un jour comme les autres, peut-être même plus monotone. Et tout d'un coup, en regardant une chose, en permanence sous nos yeux (voir, ce n'est pas regarder), on découvre enfin son originalité, sa beauté méconnue, son mystère. Et cela balaie en nous tout ce qui pèse. »
Entre le jour de Noël et l'Épiphanie, fête des Rois mages, s'étendent les Douze petits mois: douze jours différents des autres, douze nuits de clarté et de neige.De ce moment d'hiver, Marie Rouanet fait un temps privilégié, celui du dépouillement nécessaire.Renonçant chaque jour à un objet, de ceux qui tissent son univers quotidien, à un symbole, et même à certains souvenirs, elle apprend à s'alléger du poids des choses pour retrouver une sorte d'essentiel, à se séparer pour naître davantage.Marie Rouanet propose un véritable petit traité du dépouillement, une variation profonde et belle sur le thème du détachement.
Écrivain, auteur de films et interprète de chansons en langue d'oc, Marie Rouanet a notamment publié La Marche lente des glaciers, L'Ordinaire de Dieu et Luxueuse austérité.
Chez Marie Rouanet, le blanc est la couleur de la douleur et de la mort qui rôde, sans cesser d'être celle de la lumière. Le jour blanc qui ouvre ce recueil, est celui d'une double révélation : celle du merveilleux mystère de l'antipetitserpentigraphe, sur lequel s'achève Nous les filles, et celle d'une inquiétante invasion souterraine qui menace le paradis du vieil homme et de l'enfant. Puis, ce sont les trois douleurs du Triptyque à sainte Valérie : l'insecte transformé en bijou vivant, l'aveugle dans le train et l'enfant qui meurt. Deux arbres, un mimosa et un gommier bleu, introduisent à la lecture de destins pathétiques. Rien n'est plus blanc que la neige qui tombe comme un rideau sur la fin de la vieille tante, mère sans l'être et mal aimée. Tout cela serait insupportable, sans l'écriture limpide de l'auteur et son extraordinaire capacité d'amour et de vérité.
Jean Hugo (1894-1984), arrière-petit-fils de Victor Hugo, fut peintre, décorateur de théâtre et créateur de costumes dans l'entre-deux-guerres. Il travaille avec les plus grands artistes de l'époque tels Cocteau, Radiguet, Picasso, Satie, Poulenc. Quand il décide d'embrasser la foi catholique et de s'installer en Languedoc dans le domaine familial de Fourques, il renoue avec la nature provençale, la poésie de Frédéric Mistral, et le « monde de la bouvine ».
C'est, en éclats somptueux, la trajectoire qu'évoque Murmures pour Jean Hugo, celle du peintre aux amitiés scandaleuses ou mondaines puis du patriarche retiré dans un monde paysan qui n'a quasiment pas changé depuis des siècles. Marie Rouanet a ce talent bien à elle pour célébrer la liberté qui est au coeur de toute création et décliner les saisons et les jours dans leur mystère et leur beauté.
Un quartier comme les autres. Une petite ville et son marché hebdomadaire. Ici, il ne se passe rien. Marie Rouanet épie les visages, lit le quotidien, tourne autour des êtres et des choses. Alors, du décor habituel des jours, surgissent les vies, les âmes, les histoires. Pourquoi aller courir le monde ? L'aventure est au bout du trottoir. Dans un magasin d'antiquités, fouillis de merveilles et de débris où pénètre la lumière de l'été, vivent les personnages d'une même famille. S'ils n'ont pas de nom, c'est que les déchirures, les vies ligotées, l'espoir pathétique, les drames intimes, sont de nous tous, et jouent dans tous les lieux du monde leur musique triste. Il a suffi de voir et d'écrire. Un récit dense, une réalité saisissante ramassée dans une écriture juste et belle. Un rythme lent, paisible, un crescendo contrôlé comme dans une sonate, une sonatine, qui culmine dans un coup d'archet vibrant, cinglant comme la douleur.
Pendant cinq ans, Marie Rouanet a offert aux lecteurs du magazine Prier une chronique mensuelle riche d'humanité et de fraîcheur spirituelle, avec la qualité littéraire qu'on lui connaît. Cette cinquantaine de textes suit souvent le rythme des fêtes chrétiennes pour éclairer celles-ci sous un jour nouveau, et propose des réflexions à la fois tendres et lucides sur notre réalité contemporaine. Au fil de la lecture, on réapprend à découvrir ce que l'ordinaire des jours contient de lumière, mais aussi d'interrogations sur notre place d'homme au milieu des hommes. Les regards de Marie Rouanet sur la vie quotidienne dépassent largement le cadre confessionnel pour s'adresser à tous ceux qui cherchent un sens à la vie.
Emile, revenu habiter le moulin familial à Bourg-en-Rouergue, voit apparaître un soir d'hiver celui qu'il nommera l'Arpenteur et qui va changer sa vie. C'est le nouveau notaire, un homme laid, orgueilleux, infatigable fouilleur de ruines, de mémoires et d'Histoire sur qui courent les rumeurs les plus folles. Qui mieux qu'un notaire pour connaître les secrets de famille, par le cadastre les terres inexploitées, les successions et les testaments ?Marie Rouanet s'inscrit dans une lignée d'écrivains visionnaires pour qui la langue permet de célébrer la vie, ses trésors minuscules, de restituer les traces d'un monde disparu. Son mystérieux Arpenteur, devenu maître d'un pays qu'il a voulu faire sien, est tout à la fois géographe, archéologue et chroniqueur d'un temps qui sans cesse détruit et rebâtit.
Marie Rouanet est née à Béziers, au coeur de la ville. Marie Rouanet, dans ses chansons, comme dans ses écrits, s'ancre dans le vécu le plus simple, le plus facile d'accès, le plus quotidien. "Il suffit, dit-elle, d'appréhender le monde où l'on vit, avec la totalité de ses sens et de son intelligence, pour y trouver tout le reste de l'univers. Tout ce qui est ailleurs est forcément ici, et ce qui n'est pas ici n'existe nulle part".
Marie Rouanet est née à Béziers, au coeur de la ville. Marie Rouanet, dans ses chansons, comme dans ses écrits, s'ancre dans le vécu le plus simple, le plus facile d'accès, le plus quotidien. "Il suffit, dit-elle, d'appréhender le monde où l'on vit, avec la totalité de ses sens et de son intelligence, pour y trouver tout le reste de l'univers. Tout ce qui est ailleurs est forcément ici, et ce qui n'est pas ici n'existe nulle part".
« J'ai fermé les registres. J'ai regardé le ciel. [...] Je m'avançais désormais à la tête d'une cohorte. Elle ne cesserait de grossir au fil des mois, rassemblée en cent ans de misères. Avec leur crâne rasé, leurs sabots, leurs pantalons de treillis, leurs vestes grises, ils se ressemblaient tous, ces enfants en prison. Je voulais les suivre au travail, pendant lequel il était interdit de parler, sur le chemin des champs ou de l'atelier ; au dortoir, glacé l'hiver, rempli l'été à l'heure du coucher, d'une grande clarté chaude, encore diurne ; dans leurs courses d'évadés, dans les cachots où ils inscrivaient leur nom ; devant la pitance du réfectoire dans le bruit des écuelles de fer... » M.R. Ce livre est un pèlerinage dans les lieux encore visibles, les registres d'écrou, les dossiers, tout ce que gardent - ou taisent - les archives de ces pénitenciers pour enfants qu'on appela les « petits bagnes ». L'auteur nous conduit dans un voyage hallucinant auquel il ne manque ni le poids et l'odeur des heures, ni le goût du pain de troupe, ni les paysages et les saisons du ciel. L'art de raconter, l'écriture charnelle et minutieuse ressuscitent ces enfants sans enfance, au long d'un récit poignant.
Il y a, chez l'auteur de Nous les filles, une face d'ombre, un sens étonnant du tragique au quotidien. C'est ce que Climats révélait en publiant la Sonatine pour un petit cadavre. Six proses hallucinées constituent Le Crin de Florence. La soie est-elle autre chose qu'une oeuvre de mort née dans l'enfer des filatures ? La bête recueillie un soir d'hiver, et qui se nourrit de vif, est peut-être l'écrivain lui-même... Quel monstre se cache donc derrière la grenouille de l'étang d'Izou en Bordelais ? Que peut devenir un couvent, transformé en supermarché culturel, sinon un lieu de pourriture et de vague mémoire, qu'il s'agisse d'une chartreuse ou d'un prieuré de l'ordre de Grammont ? Les bêtes, jamais innocentes, sont des miroirs des hommes et nous attendent sur les chemins nocturnes de nos propres désordres.
Moment fort de la liturgie du Vendredi saint, à quelques jours de Pâques, le Chemin de croix permet de faire mémoire des étapes de la Passion du Christ et invite à communier d'un même mouvement aux souffrances des hommes et femmes de ce temps. En évoquant des situations concrètes, Marie Rouanet réécrit cette méditation portée par les croyants au fil des siècles. Souffrances des femmes de par le monde, perçues à travers des visages multiples. Souffrance des prisonniers aussi, qui vivent cruellement solitude et douleur morale. Une très belle manière d'entrer en compassion, à la suite d'un Dieu qui se fait homme jusqu'au bout.