Editions du Jeu de Paume
Une oeuvre qui part du sol ou bien qui s'élève pour mieux se pencher permet de voir ce que l'humain doit à ses terres. Ce qui est éternel à nos yeux, comme l'arbre centenaire ou le rocher millénaire, est le repère de la description. L'arrangement des photographies entre elles parvient désormais à produire un conte. Une histoire sans explication."Michel Poivert".
En écho aux nouvelles pratiques botaniques réunies sous l'enseigne de la permaculture (consistant à concentrer et optimiser les potentialités d'un écosystème et de plantations sur un terrain a priori infertile ou désertifié), les photographies de Valérie Jouve se veulent des expériences «intensives« (déliées dans le temps et ancrées dans la terre) de redéfinition et de requalification des territoires perdus et colonisés - au sens strict et figuré - par un autre État ou par l'urbanisation sauvage.
Morad Montazami
Ce livre naît du désir d'explorer et d'approfondir la figure de Luciano Fabro à travers les yeux et les mots des amis et des artistes qui l'ont fréquenté, afin de restaurer sa mémoire et son souvenir. Le volume comprend des textes, des images et des oeuvres comme dans un banquet où les différents artistes participent, en donnant une phrase, une photographie ou une oeuvre, faisant revivre la mémoire de Fabro à travers ces souvenirs. Un véritable «passage de témoin» pour donner forme aux souvenirs personnels des figures qui ont marqué la vie et la carrière de Luciano Fabro. En effet, le témoin est celui qui transmet et conserve la mémoire et la vérité, et à travers ce livre nous revivons les gestes, les connaissances et les mouvements que Fabro, à travers son oeuvre et sa personne, a initiés.
COFFRET EN DEUX VOLUMES HUMPTY DUMPTY, projet inédit de Cyprien Gaillard à l'automne 2022, est une exposition en deux chapitres présentés au même moment au Palais de Tokyo et à Lafayette Anticipations. C'est autour d'une réflexion sur le temps, ses traces, ses effets, et les relations que l'humain noue avec lui, que l'artiste imagine cette proposition. Inspiré par l'époque, alors que Paris restaure frénétiquement ses monuments les plus prestigieux et en efface les marques d'usure en préparation des Jeux Olympiques, Gaillard révèle comment la ville constitue un terrain privilégié d'expression du désordre, et comment, en retour, l'humain lutte contre ses traces et ses effets. C'est dans les marges, les recoins, et les espaces de dissidence que l'artiste sonde nos désirs d'ordre, de permanence et de constance et trouve les récits de nouveaux équilibres possibles. HUMPTY DUMPTY, titre tiré d'une comptine anglaise du XVIIIème siècle, popularisée par le roman De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, fait référence à ce personnage en forme d'oeuf tombé d'un mur, et qui, malgré de multiples tentatives, ne pourra retrouver son état originel. Le catalogue de l'exposition comprend un volume de photos présentant les oeuvres in situ dans les deux lieux d'exposition et un volume de texte explorant la démarche de Cyprien Gaillard et présentant des notices des oeuvres".
Entre la fin des années 1960 et celle des années 1980, la photographie française fait son entrée dans l'art contemporain. Les formats explosent, la couleur s'impose, l'esthétique devient la préoccupation première. C'est désormais l'aventure des auteurs, et la quête de modèles littéraires et artistiques - ce qui n'empêche pas l'engagement social et politique. La photographie aspire dès lors à devenir un moyen d'expression à part entière. Après la page de journal, ce sont la cimaise du musée ou la page du livre d'artiste qui forgent sa légitimité. Pour relever le défi de la création, les photographes français débattent, réinventent l'idée même de photographie, et découvrent avec fascination la photographie américaine. Ils puisent aussi aux sources des sciences humaines et du langage, alors en vogue : la sociologie, la sémiologie ou encore l'histoire. A travers les oeuvres de plus de soixante- dix photographes, est ici mise en lumière cette métamorphose qui marque la photographie en France entre Mai 68 et la chute du mur de Berlin en 1989.
Qu'est-ce qu'une contre-culture a? l'heure de l'image sur Internet ? Depuis une génération, quantité de photographes prennent le contre-pied des standards technologiques. Ces alternatives sont si nombreuses et passionnantes que l'idée d'un livre pour les rassembler s'est imposée. Éthique et écologie irriguent une création photographique en complète réinvention et rematérialisation.
Début des années 80, Paris, extérieurs nuit, intérieurs jour. Le quadrilatère Nation, République, Grands boulevards, Gare de l'Est, marque leur territoire. Comme eux j'ai tout juste 20 ans. Blacks, blancs, beurs, belles gueules et mines fracassées se font face. L'histoire c'est celle des embrouilles, sur fond de sexe, de drogue, de Rockab' et de glamour ; où l'on croise les Stray Cats jusqu'à plus d'heure aux soirées « Grands Boulevards » d'Albert. Je m'immerge à fond dans cet univers de fiction et pourtant tellement vrai, accepté, rejeté, ou pris entre deux feux. Je suis leur photographe, ils en jouent. Je les suis, pendant des mois de traversées nocturnes et de dérives rebelles. Au firmament d'une jeunesse de France que l'on brûle à toute blinde. Et sous mes yeux se consume l'espérance enfouie d'un seul, ne serait-ce qu'un seul, possible lendemain. Philippe Chancel
Ikonar (le « faiseur d'icônes ») est le surnom donné à Josef Koudelka par un groupe de Roms qu'il a longuement fréquenté.
Et en effet, les tirages qu'il leur avait offerts étaient utilisés comme des images quasi religieuses dans leur lieu de prière. Mais Koudelka n'est pas seulement un « créateur de photographies » mondialement reconnu, il est aussi un prolifique « collectionneur d'images », un artiste du livre, un concepteur d'expositions, un archiviste passionné, un documentaliste de sa propre existence... En plus de cinq somptueux portfolios regroupant les oeuvres majeures de Koudelka, Ikonar - Constellations de l'archive rend accessible un grand nombre de documents inédits datant des années 1960 à 2012. Il s'agit en particulier de planches contacts, choisies parmi les plus de 30 000 réalisées par le photographe, et qui, mises en regard de l'oeuvre proprement dite, offrent un aperçu absolument inédit des processus de création de Josef Koudelka.
Un ouvrage unique, publié à l'occasion de l'exposition éponyme au musée Photo Élysée, à Lausanne, du 4 novembre 2022 au 31 janvier 2023.
German photographer Ilse Bing (1899-1998) has secured her place as one of the major photographers of the 20th century. Her pioneering images during the inter-war era reveal a modern vision influenced by the impact of both the Bauhaus and Surrealism. Alongside her personal work she produced images in the fields of photojournalism, architectural photography, advertising and fashion, and her work was published in the major magazines of the period and exhibited in France and Germany. She moved from Frankfurt to Paris in 1931 but when the city was taken by the Germans during World War II she and her husband, who were both Jews, were expelled and interned in the South of France. They emigrated to New York in 1941 and she lived there until her death in 1998. Since the 1970s when she first exhibited at MOMA, New York, there has been a burgeoning interest in her work and, more generally, in European photography of the 1920s and 1930s. As one of the key creative forces of the period, Bing becam.
Ce livre rassemble 76 images inédites de la collection de diapositives de Saul Leiter. En avance sur son temps, l'artiste investit la diapositive comme medium dès les années 1955. Le choix s'est porté ici sur les images de "street photography" parmi les 50 000 retrouvées.
Accompanying the artist's first major US overview in 15 years, this volume celebrates over four decades of Wall's uncanny everyday dramas.
Vancouver-based artist Jeff Wall (born 1946) has been making arresting, conceptually and politically complex pictures for over four decades. Using large-format photography that embraces both the deliberateness of painting and the immediacy of the moving image, he is known for immersive, sharply detailed scenes featuring figures enacting everyday dramas. Departing from the convention of street photography and its aspirations of authenticity, Wall instead favors the artificial and the cinematic; he meticulously plans and constructs his pictures, scouting locations, casting actors as subjects and organizing the shoots with the rigor of a movie production.
Jeff Wall accompanies the artist's monographic exhibition at Glenstone, a survey of works made between 1978 and 2018. It is also his largest exhibition in the US since his widely acclaimed 2007 midcareer survey at the Museum of Modern Art. Comprising nearly 30 artworks, the catalog appraises the full range of the artist's pioneering oeuvre, from early pictures displayed in backlit lightboxes and black-and-white silver gelatin prints to more recent large-scale inkjet color prints. Jeff Wall also features an introduction by Glenstone cofounder and director Emily Wei Rales and an essay by art critic and poet Barry Schwabsky.
Lisières est le fruit de nombreuses visites dans les forêts alsaciennes, dans des institutions zoologiques, sur les côtes d'archipels océaniques et sur les planchers de réserves muséales. En effet, le corpus photographique regroupe à la fois des images prises dans des espaces dits naturels (bien que souvent transformés par l'homme) et des images prises dans les réserves d'institutions dédiées à l'observation et à l'étude de la vie, de la «Nature».
Depuis cinquante ans, Bernard Descamps explore la photographie dans tous ses états, du reportage au paysage et au portrait, du noir et blanc à la couleur. Voyageur inlassable, Descamps s'est rendu dans de nombreux pays, à la rencontre des populations et de leurs coutumes (Mali, Inde, Japon, Venezuela, Vietnam, Madagascar, Maroc, etc). Pour autant propose-t-il une photographie de voyage qui est surtout celle du voyage intérieur : ses images, images, dont la pureté approche souvent l'abstraction, ne décrivent pas les objets ou les événements » mais « voudraient dévoiler de minuscules fragments du temps selon ses propres termes. Photographe-voyageur, membre de l'agence Vu et représenté par la galerie Camera Obscura, Bernard Descamps traite de l'environnement, des rapports de l'homme et de la terre. Depuis trente ans, il explore la photographie dans tous ses états, du reportage au paysage en passant par la ville et ses couleurs. Ici ce livre nous parle de nature, de paysages par une approche en quatre chapitres : La mer, la montagne, la forêt et les oiseaux. Bernard Descamps a publié douze titres chez Filigranes : Au-delà des apparences, Natura, Autoportrait, Où sont passés nos rêves ?. Ici même, Quelques Afriques, Lady Land, Silences, Evening Land, Japon, Berbère, Le don du fleuve.
Ses oeuvres étranges invitent le spectateur à pénétrer dans son esprit pour un voyage extrême : l'exploration des recoins de l'inconscient et de ses pulsions secrètes. Pour la collection Des oiseaux, Ballen a réalisé une série de photographies spécialement pour l'ouvrage. Dans des univers clos, où s'accumulent graffiti, signes, ombres et fragments, se jouent des histoires qui viennent bousculer notre regard. La frontière entre fantaisie et drame se floute. Le monde non logique d'une Alice au pays des merveilles, malicieuse et parfois pas si gentille, semble s'animer sous nos yeux. Oiseaux sagement posés parmi un décor de poupée, surgissant derrière un mur de carton pâte, évoluant au milieu de jouets abandonnés et brisés par un enfant mécontent, ou encore jouant à l'équilibriste sur des ballons, s'acoquinant avec des ours en peluche, réels ou dessinés : tous participent au délire amusé de l'artiste. Un géant patibulaire tient délicatement dans sa main une colombe, deux pigeons semblent élire pour leur future nichée une perruque d'inspiration surréaliste, ailleurs, deux tourterelles sont perchées sur une cage à oiseau dans laquelle se tient... un chien. Mains, pieds et bouches percent les murs, surgissent de manière incongrue. Entre effroi et rire, fantastique et poésie de l'absurde, l'univers de Roger Ballen rappelle celui des films de Cocteau où se mêlent lyrisme et sentiment de l'étrange.
Les oiseaux de Roger Ballen pulvérisent les codes de la représentation, mais l'absurde n'est-il pas le miroir de nos songes ?
The city Fred Herzog documented over more than half a century has vanished-an early kind of urban flaneur, Herzog wandered the streets of Vancouver, creating an archive that encapsulates the essence of a bygone era. Considered today as one of the most important street photographers of the 20th century, he changed the international conversation about early color photography. However, it was only in the late 1950s that he decided to primarily shoot with Kodachrome color slides. Fred Herzog: Black and White is the first acknowledgement of a lesser-known facet of the photographers' work. Complementing the seminal Modern Color, it encompasses almost graphical urban scenes of shadow and light, alongside travel photographs and depictions of rural life. Evoking notions of melancholy, this book reveals that Herzog's appeal lies in his ability to seize a condensation of a psychological state.
Jane Evelyn Atwood est une photographe américaine née en 1947 qui vit à Paris. Fascinée par les personnes hors normes et la notion d'exclusion, elle consacre plusieurs années à ses sujets, travaillant jusqu'à ce que ses images traduisent l'empathie qu'elle ressent. Lauréate de nombreux prix, publiée et exposée internationalement, elle est l'auteure d'une dizaine de livres dont Pigalle People. 1978-1979 (Le Bec en l'air, 2018) qui a fait l'objet d'une exposition lors des Rencontres d'Arles 2018.
Son rapport très intuitif et physique aux lieux immerge le spectateur dans un univers qui emprunte à la fois au monde du cinéma et à celui de la peinture. « Une bonne photo est une photo qui dit beaucoup de choses sur le lieu et le moment où elle a été faite », précise le photographe. L'espace donc - sa complexité, la perception que nous en avons, sa plasticité - est à l'égal de la couleur une composante majeure des images de Gruyaert, comme si la dualité entre couleur et spatialité - sujet majeur des beaux-arts des siècles précédents - se dissolvait pour au final créer une oeuvre où seul importe le plaisir de l'immersion.
Basculer dans l'image, dissoudre les frontières entre espaces extérieur et intérieur, monde clos ou au contraire ouvert sur l'ailleurs : Between Worlds offre une immersion sensorielle. Peu importe les lieux (boutiques, gares, cafés, métros, chambres d'hôtel, malls...), les pays (Europe, Moyen-Orient, Asie, États-Unis, Afrique...), l'époque (des années 1970 à aujourd'hui), le photographe déploie ici l'essence même de son écriture visuelle : une alchimie lumineuse dans un temps suspendu. Où sommes-nous ? Peu importe, seul règne le délice de se perdre. Au fil d'un editing réalisé comme un « carottage » dans ses archives, Harry Gruyaert montre qu'au-delà du merveilleux coloriste qu'il est, ses images, avec leurs jeux de transparences et de mise en abyme, racontent aussi l'illusion du monde.
C'est un travail au long cours que présente ce livre : depuis 20 ans le photographe Guillaume Herbaut se rend régulièrement en Ukraine. Cet ouvrage ne porte donc pas seulement sur la récente invasion russe mais bien sur l'évolution extraordinaire de ce pays à laquelle il a assisté. Pour la troisième fois de sa carrière, Guillaume Herbaut vient de recevoir le prestigieux prix World Press Photo pour ce magnifique travail d'auteur. Loin des codes des classiques reporters de guerre, il éclaire les racines du conflit, fruit de la violence hégémonique de Vladimir Poutine. L'historienne et traductrice Galia Ackerman signe un introduction charpentée permettant une mise en perspective historique des photos de Guillaume Herbaut.
Les trois numéros de la publication hybride, entre journal, magazine et catalogue, retraçant le parcours artistique de Zineb Sedira dans le cadre de sa présentation pour le Pavillon français à la 59e Biennale de Venise (2022), réunis dans un coffret.
Rouge, vert et bleu, ces trois numéros en couleur retracent le parcours artistique de Zineb Sedira, jusqu'à sa présentation au Pavillon français de la 59e Exposition internationale d'art, La Biennale de Venise 2022. À la croisée d'un journal et d'un magazine, rendant hommage à des publications maghrébines innovantes des années 1970 comme Les 2 écrans ou Souffles, cette publication est conçue comme une alternative au catalogue au sens traditionnel du terme.
Chaque numéro fait référence à une ville - Alger, Paris, Venise - qui a joué un rôle important dans la vie et la formation artistique de Sedira. Sous-titrés respectivement Formes du désir, Outils d'agitation et Conserver, montrer, restaurer, revivifier, les trois numéros reproduisent effectivement la structure d'un scénario en trois actes : mise en place, confrontation et résolution. Ils fonctionnent comme un espace de rencontre qui réunit les membres de la grande famille artistique et intellectuelle de Zineb Sedira. En présentant une pluralité de voix, le journal fait écho aux réseaux de solidarité forgés par les artistes, les cinéastes et les praticiens de la culture dans les années 1960 et 1970 - une période de coproduction prolifique entre l'Algérie, l'Italie et la France - dans le but de créer un point de vue politique indépendant au-delà et en dehors des structures coloniales passées.
Riche en références artistiques, cinématographiques, musicales, archivistiques et politiques, ces trois numéros mettent en lumière la pratique artistique de Zineb Sedira, les processus qui sous-tendent son travail et les inspirations qui l'ont nourri. Ils offrent un aperçu des coulisses de son exposition au Pavillon français.