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Autour de Soulèvements
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«Une confiance d'enfant, une confiance qui va au-devant, espérante, qui vous soulève, confiance qui, entrant dans le brassage tumultueux de l'univers [...], devient un soulèvement plus grand, un soulèvement prodigieusement grand, un soulèvement extraordinaire, un soulèvement jamais connu, un soulèvement par-dessus soi, par-dessus tout, un soulèvement miraculeux qui est en même temps un acquiescement, un acquiescement sans borne, apaisant et excitant, un débordement et une libération, une contemplation, une soif de plus de libération, et pourtant à avoir peur que la poitrine ne cède dans cette bienheureuse joie excessive...» Henri Michaux, L'Infini turbulent (1957).
Ouvrage collectif de Nicole Brenez, Judith Butler, Marie José Mondzain, Antonio Negri et de Jacques Rancière. Édition publiée sous la direction de Georges Didi-Huberman.
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La figure de la révolu suscite la méfiance. On lui préfère généralement celle de la révolution. Pour Pierandrea Amato, la révolte constitue au contraire le présupposé ultra-politique de toute politique véritable, car elle est ontologiquement inscrite en chacun. L'être ne peut en effet, selon lui, s'exprimer de meilleure manière que dans sa propension essentielle à la révolte : il est l'être-révoltant. En partie suscitée par les émeutes survenues dans les banlieues françaises en novembre 2005, la réflexion que mène ici Amato se donne pour ambition de " saisir ce qui fait la valeur d'une révolte à ce point extrême que les mots lui font défaut. "
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Le philosophe italien Pierandrea Amato s'interroge sur le sens des images de la prison d'Abou Ghraib, dix ans après que leur diffusion a mis en émoi l'opinion publique mondiale et qu'elle a entraîné la condamnation des soldats responsables à dix ans de réclusion pour actes de torture. La démarche de l'auteur est ici de s'affranchir du pathos que suscitèrent ces clichés et de faire glisser le regard de la constatation (éthique, politique ou morale) vers l'herméneutique pour éclairer notre époque et son rapport à l'image :
« Je le dis sans détour : mon intention n'est pas de m'intéresser à ce genre de problème, en relation avec les événéments d'Abou Ghraib. Non pas que ce genre de sujet ne soit d'aucune importance sur la «scène du crime». Ces perspectives ont été amplement exploitées et je ne crois pas nécessaire d'y insister à mon tour et de raisonner à nouveau sur la valeur de ces photos, à partir de considérations qui ne concernent pas le pur donné visible auquel nous sommes confrontés. Il est plus difficile, mais aussi plus important, dix ans après, de chercher à identifier ce qui survit dans cette effroyable série d'images, qu'on était alors incapables de voir, et qui n'a pas été purement et simplement enfoui dans le passé. En fait, je dirais que c'est aujourd'hui que les clichés d'Abou Ghraib ont atteint le stade de leur pleine déchiffrabilité, car pour reprendre une idée de Walter Benjamin, c'est maintenant qu'ils nous donnent la possibilité de reconnaître en eux ce qu'ils sont réellement : un document de notre brutalité ordinaire et banale (esthétique), comme indice fondamental de la guerre contemporaine menée au nom des valeurs démocratiques. » L'image confère un ordre à ce qui est ambiguë, illisible et qui se produit sous nos yeux. Lire l'image et la comprendre deviennent alors autant de moyens d'agir (Marx : « la situation catastrophique de la société dans laquelle je vis me remplis d'optimisme »).
Amato voit dans ces clichés de véritables oeuvres esthétiques qui, bien qu'elles n'aient rien d'artistique, provoquent une perturbation. Il replace ces clichés dans la continuité (bien involontaire) de la révolution esthétique entreprise en Amérique depuis cinquante ans : le « non art » (« forme d'art » contre l'asservissement de l'expression), qui lui-même prolonge l'ambition de Duchamp de rapprocher l'art du quotidien. Ces clichés sont extraordinaires en cela qu'ils dégagent un sentiment de banalité totale et d'ordinaire (cf. le sourire des bourreaux devant la pile de corps des prisonniers Irakiens).
« Dans le comportement des soldats se condense la signification précédemment évoquée d'une série de photographies de guerre incarnant le nouvel ordre post-esthétique dans lequel nous sommes quotidiennement immergés. » La force de ces clichés réside dans les sourires, dans la « pose » convenue de chacun de ses figurants, comparable à celle de touristes posant devant la tour de Pise. La pose est identique, qu'elle se produise devant une oeuvre d'art ou la manifestation de la plus grande barbarie - devant ce que l'auteur appelle, pour résumer, « le culte spectaculaire d'une condition générale de la culture occidentale : la quotidienneté monstrueuse ». De par leur posture, les acteurs créent un climat qu'ils veulent apaisé, presque familial. Ils communiquent l'idée selon laquelle cette guerre est absolument ordinaire et qu'il n'y aurait absolument pas de crainte à avoir de l'Autre (ici, l'ennemi, l'Irakien). Reprenant la théorie de Genet selon laquellel'image a deux fonctions (montrer et dissimuler), cette série d'images est une projection de notre quotidien :
Une incroyable combinaison entre le monstrueux et la routine la plus banale. « L'apocalypse du réel s'est accomplie, si bien que l'horreur s'est incorporée en devenant ainsi, à bien y regarder, toujours plus tolérable ».
Amato prend alors le lecteur à témoin. Concentrant son regard sur le sourire hilare de tel ou tel soldat devant l'horreur d'une telle scène, il fait siennes les analyses de Giorgio Vasta sur l'excès d'hilarité dans nos sociétés qui traduit une tragique distanciation avec le réel et une véritable impuissance face à lui (« no alternative »). Le sourire brouille la condition dans laquelle nous nous trouvons déplaçant le choc (de l'image, du réel) vers une posture standard/familière.
L'image participe à la construction du réel. Amato se risque à un parallèle historique avec la période nazie. Selon la grande majorité des historiens, la destruction d'oeuvres d'art identifiées comme « dégénérées » annonçait le massacre de ceux qui « n'étaient pas dignes de vivre ». De même, ici, la condition des prisonniers d'Abou Ghrabir est « mise en scène » de manière à donner sens au réel, à le rendre spectaculaire et à lui donner la dimension d'un événement.
L'événement/spectacle caractérise notre rapport au réel et tout ce qui ne l'est pas n'est pas digne d'être vécu.
Or pour devenir spectaculaires, pour faire événement, les faits doivent devenir des images (icônes) et donc être photographiés. Cette image, au-delà de toute considération morale, est donc également normative, puisqu'elle donne une valeur à la guerre. La guerre est ici une chose qui vaut la peine d'être vécue (puisqu'elle mérite d'être photographiée).
Nous ne sommes donc pas seulement en présence de trois imbéciles qui, par excès ou par vice se seraient employés à torturer des prisonniers de guerre, mais bien en face de l'excès et de la monstruosité du quotidien partagé par chacun d'entre nous : « leur sourire est du même ordre que notre complaisance devant la machine qui nous prend en photo devant un monument ou quoi que ce soit d'autre ». Et l'auteur de conclure avec Žižek que ces clichés matérialisent la nature à la fois aimable et brutale de la démocratie libérale ; le côté obscur de la culture populaire américaine (et on ajouterait globale). C'est le propre même de la performance artistique.
Des clichés sont reproduits dans le livre, accompagnés de dessins de l'artiste Susan Crile. Ces dessins reproduisent à l'identique les clichés tout en masquant la silhouette du geôlier. Il ne subsiste plus qu'une main qui pourrait être la nôtre : car « les soldats, au fond, ont fait ce qu'ils ont fait pour nous ».
L'auteur conclut en affirmant qu'Abou Ghraib est également le nom de l'unique figure de l'altérité que notre culture réussit à tolérer : celle de l'Autre soumis.
La figure de l'Autre dans cette prison est le fait d'un rituel qui servirait à consolider nos propres valeurs. Les clichés d'Abou Ghraib mettent en lumière la dialectique grotesque et sadique dont témoignent nos sociétés.
« Les clichés d'Abou Ghraib font écho à une autre attitude essentielle de la photographie : la capacité de mentir sans pourtant trahir son sujet. Ainsi le sourire du soldat est-il vrai et faux en même temps. Vrai en ce que, effectivement, la photographie enregistre son visage insouciant. Faux, parce que son hilarité creuse la distance d'une scène qui ne fait clairement pas rire.
Et cependant, nous savons bien ¬- même si cela nous remplit d'amertume -, comme le montre le premier roman de Giorgio Vasta (Il tempo materiale), que l'excès d'hilarité, d'ironie ou de comique qui domine nos réunions, nos relations, nos scènes entre amis, notre vie, toutes les occasions ou l'on rit pratiquement sans relâche, est le signe d'un désespoir qui vise à éluder l'humiliation dont nous sommes actuellement la proie, le fait de n'avoir personne d'autre à nous occuper que de nous-mêmes.
La séquence vague et indistincte de rire qui tend à tronquer et à empêcher tout discours (un rire qui ne se transforme que très rarement, comme cela me plaiarait davantage, en une énergie rabelaisienne, dramatique, profanatrice), en ce temps de fin où l'on n'a « jamais fini d'en finir », cache probablement distance subtile et courageuse à l'égard du monde. Elle dit ainsi, très simplement mais avec la même sincérité, l'exigence de sa transformation, sans aucune crainte ni trêve. ».
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L' amertume et la pierre - poetes au camp de makronissos
Collectif/Neveu
- Ypsilon
- 12 March 2013
- 9782356540263
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Étudiant les deux révolutions, Arendt pose la radicale nouveauté de la française comparée à l'américaine : si l'une et l'autre se fondent sur la reconnaissance des droits de l'homme, la conception américaine conduit seulement à affirmer la validité universelle des principes du gouvernement limité et à en étendre le bénéfice à tous les Américains ; pour leur part, les Français font des droits de l'homme et du citoyen la véritable fondation de tout gouvernement légitime : «Si la Révolution américaine ne proclame en fait rien de plus que la nécessité pour toute l'humanité d'un gouvernement civilisé, la Révolution française proclame l'existence de droits indépendants du corps politique et extérieurs à lui.» 1789 puis 1793 ouvraient, au nom de ces droits antérieurs à toute formation politique, une demande indéfinie d'égalité et de protection sociale qui inaugurait un siècle d'instabilité constitutionnelle. La reprise des thèses d'Arendt, notamment par le renouveau d'une historiographie de 1789 qui privilégie désormais une lecture prioritairement politique plutôt qu'économique ou sociale, ne saurait toutefois faire oublier la dernière partie du livre. C'est un superbe éloge de l'autre tradition révolutionnaire occultée, celle de l'auto-organisation des gens pour s'emparer de l'action politique et ne plus la déléguer à l'oligarchie des partis - de la Commune de Paris aux conseils ouvriers de la Révolution hongroise de 1956.
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Heureux celui qui n'a pas de patrie ; poèmes de pensée
Hannah Arendt
- Payot
- 22 October 2015
- 9782228914093
La poésie fut la grande affaire de sa vie : pendant près de quarante ans, de 1924 à 1961, moment du procès Eichmann, Hannah Arendt ne cessa d'en écrire. Ses poèmes, où l'on croisera les figures de Martin Heidegger et de Walter Benjamin, parlent d'exil, d'amour et de mort, de nature et de nostalgie. Rassemblés ici pour la première fois, souvent totalement inédits, ils nous font pénétrer dans le jardin secret de la plus grande philosophe du XXe siècle.
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«Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'inconnu, pour trouver du nouveau !» Ces vers du «Voyage» éclairent à eux seuls l'entreprise du poète. Esprit vagabond, toujours mobile, Baudelaire explore les dédales de la conscience. Il atteint tantôt à l'extase, tantôt se perd dans les abîmes du péché. À travers ses poèmes, il nous fait partager le drame qui se joue en lui et qui n'est autre que la tragédie humaine. Baudelaire, premier poète moderne, donne à la poésie sa véritable dimension : exprimer, par-delà les mots, ce vertige absolu qui s'empare de l'âme. Tout chez lui, en lui affirme la nécessité de la souffrance, la fatalité du péché. Tout traduit en lui une âme profondément troublée mais charitable. Baudelaire fait des Fleurs du Mal un immense poème de la vie et du monde.
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Marx est de retour. En ces temps de crise fracassante du capitalisme, on le redécouvre. Ce petit ouvrage, accessible et ludique, apporte les réponses : cosigné par un dessinateur et un spécialiste de la question, il associe bande dessinée et philosophie, humour et esprit de synthèse pour présenter la pensée du père fondateur de l'anticapitalisme, dans toute son actualité.
En dix chapitres, les auteurs proposent un panorama clair, concis et souvent drôle de la vie, de l'oeuvre et de la pensée de Marx.
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Le titre de cette anthologie de Thomas Bernhard pourrait être le sceau apposé sur l'oeuvre entier du célèbre romancier et dramaturge (1931-1989). Pourtant, si l'écrivain se consacra tout d'abord dix ans à l'écriture poétique, cette part de l'oeuvre n'est guère connue en France que des spécialistes. Qu'il ait fallu attendre si longtemps avant d'entendre cette voix âpre aux modulations déconcertantes est inexplicable tant elle est proche, et son insistance prégnante : voix de la perte, de l'absence, du tragique innommable, de la présence du silence, elle émane de la terre, du quotidien affouillé, de la pauvreté du monde, des « filles à l'odeur de pommes » et de la boue des sentiers obscurs. Inscrite dans un continuum de l'âme germanique et de sa déraison, de Kleist à Trakl et Ilse Aichinger, elle nous parle de l'enfance, de la solitude, de l'appel du néant et des ombres.
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Tel un trou noir dans l'univers, l'incendie qui ravage le Moyen-Orient, et la France depuis 2015, au nom du djihad menace-t-il d'aspirer les désillusions politiques et les révoltes désespérées de la génération qui vient ? La radicalisation de l'islam est-elle seule à l'origine de ce drame et des actions terroristes qui surviennent dans le monde entier ?
Pour répondre à ces questions, cet essai grave et incisif propose de déplacer et d'élargir les cadres d'explication habituels.
Il n'y a que les martyrs pour être sans pitié ni crainte et, croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c'est l'incendie universel. Cette sombre prophétie de Jacques Lacan en 1959 décrirait-elle le monde des années 2010 ? Les guerres qui ravagent le Moyen-Orient menacent-elles d'aspirer toutes les désillusions politiques et les révoltes désespérées de la génération qui vient ? La radicalisation de l'islam est-elle à l'origine de ce drame et des actions terroristes dans le monde entier ?
Pour répondre à ces questions, Alain Bertho déplace les cadres d'explication habituels. Il montre que le chaos qui pointe est très loin d'avoir le djihad pour seul moteur : c'est d'abord l'ébranlement de la légitimité des États par la mondialisation, la crise généralisée de la représentation politique, la recherche d'une légitimité sécuritaire par les puissants qui ont fait le lit de la violence du monde. Et qui expliquent pourquoi, depuis les années 2000, se multiplient sur tous les continents des émeutes et des attentats aux motivations multiples, dont l'auteur brosse ici un tableau saisissant.
Quand la fin du monde semble à nombre de jeunes plus crédible que la fin du capitalisme, la révolte tend à prendre les chemins du désespoir et du martyre. La clôture de l'hypothèse révolutionnaire a ainsi ouvert la voie à la rage des enfants perdus du chaos politique et humain de la mondialisation néolibérale. Toutes les polices et les armées du globe ne pèseront guère devant cette fascination de la mort. Seul peut y répondre l'espoir collectif en un autre possible, fondé sur une nouvelle radicalité tournée vers l'avenir. Ses prémisses sont là, partout dans le monde. L'enjeu est de les faire grandir. -
Cinéma de seconde main
Christa Blümlinger
Coup de coeur- Klincksieck
- Esthetique Klincksieck
- 15 May 2013
- 9782252039021
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Ce livre réunit un ensemble de textes publiés au fil d'une vingtaine d'années, dessinant la carte d'une vision critique de l'oeuvre de Harun Farocki. Tout a commencé quand Christa Blümlinger a organisé ou initié des rétrospectives de ses films, au Stadtkino à Vienne et à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. C'était en 1995, l'année où la première installation de Farocki, Section, a vu le jour au Musée d'art moderne de Villeneuved'Ascq.
Le dialogue entre Christa Blümlinger et Harun Farocki avait débuté en 1989, quand ils se sont rencontrés pour un entretien à propos de son film-essai Images du monde et inscription de la guerre, dans le cadre d'un festival du film documentaire. L'échange est vite devenu régulier et s'est prolongé jusqu'à la mort de Farocki en 2014, sous forme de lettres, de conversations publiques et privées, d'animations communes de séminaires et d'ateliers, dans le cadre de programmations au cinéma ou au musée, autour de ses contributions et ses propositions pour la revue Trafic, ou encore de la publication d'un premier choix de ses textes, en français, chez TH.TY., en 2002.
Suivant une réflexion double (cinéma/musée), cet ensemble de textes n'oppose pas des cultures ou des dispositifs de projection, suggérant plutôt l'idée que Farocki avait fini par choisir le musée en tant qu'espace « autre », site et laboratoire d'un cinéma qu'il n'avait jamais arrêté de considérer comme un art de la mémoire, et comme un art des possibles.
Dans son oeuvre critique et rigoureuse, Harun Farocki aimait décortiquer le travail des media, des films et des machines de vision, mais aussi étudier celui des artisans, des ouvriers et du monde commercial. Depuis le milieu des années 1960 jusqu'à sa mort en 2014, tout au long de sa vie de cinéaste, d'essayiste et d'artiste, il a analysé les dispositifs des images photographiques et post-photographiques, leurs régimes d'affection et de signification. -
Si je n'avais pas adopté ce parti prosodique, quatorze vers distribués en deux quatrains et deux tercets, ces poèmes n'auraient pas existé, ce qui ne serait peut-être pas bien grave, mais je n'aurai pas su ce que quelqu'un en moi avait à me dire.
Les mots, les mots comme tels, autorisés par ce primat de la forme à ce qu'ils ont de réalité sonore propre, ont établi entre eux des rapports que je ne soupçonnais pas. Le besoin d'éviter dans ce lieu étroit la répétition, sinon méditée, du moindre vocable, y a effacé des pensées, des images, sous lesquelles d'autres sont apparues. La contrainte aura été une vrille, perçant des niveaux de défense, donnant accès à des souvenirs restés clos si ce n'est pas réprimés.
C'est ce que j'appelle « raturer outre ». La forme qui peut se mettre, rhétoriquement, et alors passive, au service de ce que l'on croit savoir et désire dire propose aussi, poétiquement, de déconstruire ces idées, découvrant, par en dessous, d'autres strates. Un « trobar », sur les cordes du langage.
Raturer outre est suivi de Soient Amour et Psyché.
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Entre humour potache et cruel, projet utopique de réforme des Pompes funèbres, formes poétiques et activisme artistique, on perçoit dans ce livre un constant souci d'oralisation de l'écriture, nourri d'une véritable expérience pratique. Il constitue un art poétique, développé dans la série de notes « Une écriture qui tue », qui met fin à ce qu'Antoine Boute présente et construit comme une « blague ».
L'affect et l'engagement personnels de l'auteur s'affirment, notamment via ces textes écrits en collaboration avec ses deux très jeunes enfants.
Après Tout public, qui a permis à Antoine Boute d'inscrire son travail plus précisément au sein des écritures poétiques contemporaines, Les Morts rigolos prolonge son ambitieux projet fondé sur une diversité de régimes de paroles et de narrations entrelacés.
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Etre au monde, c'est à la fois voir le monde et le penser. Ainsi, devant l'un des plus beaux spectacles naturels _ celui de la côte de la Gaspésie, au Canada _, Breton n'en commence la description que pour s'abandonner bientôt au va-et-vient entre le paysage physique et son paysage mental. La Beauté est là, toute visible, mais, à l'intérieur, la réflexion de cette beauté se double de celle de la femme aimée, et la beauté + l'amour entraînent nécessairement Breton vers ce qui en est inséparable: la poésie et la liberté. Entre ces quatre pôles, tout le présent, alors, est mis en jeu dans la montée d'une question qui, en partant de la catastrophe de la guerre mondiale, pose le problème du destin de l'homme.A un moment tout le paysage bruisse du mouvement de milliers d'ailes, et de même ce livre où le lent tourbillon de la pensée et des images nous élève souverainement vers l'Etoile (l'Arcane 17) pour découvrir que: " c'est la révolte même la révolte seule qui est créatrice de lumière. Et cette lumière ne peut se connaître que trois voies: la poésie, la liberté et l'amour qui doivent inspirer le même zèle et converger, à en faire la coupe même de la jeunesse éternelle, sur le point moins découvert et le plus illuminable du coeur humain ".
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Antigone face à Créon. Dans la tragédie de Sophocle, le conflit entre le souverain de Thèbes et la fille d'Oedipe mène inévitablement à la destruction. Les deux protagonistes de la famille des Labdacides campent implacablement sur leurs positions. Hegel y voyait l'incarnation du tragique : le défenseur de la raison d'État contre la protectrice de la dignité familiale, deux causes ayant les mêmes droits s'affrontent avec force et se détruisent.
De retour d'exil en 1947, Brecht s'intéresse au sujet, considérant dans un premier temps le drame de Sophocle comme un refus de la tyrannie et une approche de la démocratie. Au cours de son travail, il actualise la pièce : la force inéluctable du destin est effacée et la violence apparaît au premier plan. L'essentiel ici pour Brecht est de montrer la violence qui accompagne le délabrement des plus hautes sphères de l'État.
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La mort de danton ; Léonce et Léna ; Woyzeck ; Lenz
Georg Büchner
- Flammarion
- Gf ; Theatre
- 4 January 1999
- 9782080708885
Pamphlétaire et révolutionnaire, dramaturge et nouvelliste, professeur de philosophie et d'anatomie comparée, Büchner s'inscrit dans la tradition du Sturm und Drang, ce mouvement de contestation intellectuelle et sociale auquel appartenaient Goethe, Schiller, Bürger et tant d'autres.Du drame (La Mort de Danton ; Woyzeck) à la comédie (Léonce et Léna) en passant par la nouvelle («Lenz»), les textes rassemblés dans ce volume témoignent de la richesse et de la variété de l'oeuvre de ce météore de la littérature allemande.
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Luta ca caba inda (la lutte n'est pas finie)
Filipa César
- Jeu De Paume
- Satellite
- 17 August 2012
- 9782915704334
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«Toutes les mythologies parlent, soit d'un centre original du monde, soit d'un arbre sorti de terre et qui gagne le ciel, soit d'un mont sacré, en tout cas d'une possibilité de communication avec l'au-delà. Or, il faut que cette possibilité existe, que l'arbre ou la montagne soit là pour de vrai, au même titre que l'Éverest ou le mont Blanc. C'est ce que pense l'auteur du récit et il réunit une expédition pour découvrir le mont Analogue. La description des membres de l'expédition permet à René Daumal d'exprimer sa fantaisie. La base du mont est finalement découverte : c'est la courbure de l'espace qui empêchait de la voir. Le récit est inachevé, mais il est assuré que l'expédition, qui a disparu à nos regards de lecteurs, poursuit son ascension. Naturellement, les personnages et les circonstances du Mont Analogue sont symboliques : telle est la littérature quand elle se veut utile à l'homme. Dans la circonstance, elle éveille doublement, car toutes les phrases portent. Cela tient à l'intelligence très personnelle de René Daumal et à ce qu'on pourrait appeler son lyrisme de l'ironie.» Roger Nimier.
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Le contre-ciel ; les dernières paroles du poète
René Daumal
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 23 October 1970
- 9782070300839
«Je veux vivre toujours d'une vie plus réelle, en rejetant dans le monde tout ce qui me limite, et dont je fais aussitôt une Existence, une Matière, un Objet de connaissance. Comme cette négation s'opère dans la durée irréversible, ce que je rejette hors de moi, je le rejette aussi dans le passé. Ainsi, je ne suis véritablement que dans l'acte de négation et dans l'instant. Ma conscience se cherche éternelle dans chaque instant de la durée, en tuant ses enveloppes successives, qui deviennent matière. Je vais vers un avenir qui n'existe pas, laissant derrière moi à chaque instant un nouveau cadavre.» «La négation "pure", loin d'être une simple opération de la logique discursive est, pour Daumal, un "ACTE positif" qui lui permet à "chaque instant" de faire le point du chemin parcouru et d'apprécier combien il s'est dégagé, chaque fois par un acte voulu et vécu, de tout ce qui le lie à une réalité épaisse - dépourvue de lumière. Pourtant cette lumière existe et procède d'un "Point unique" que le poète peut entrevoir et indiquer aux autres comme "graine d'un Contre-Monde".» Claudio Rugafiori.
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Pourquoi je hais l'indifférence
Antonio Gramsci
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 29 August 2012
- 9782743623432
Haïr l'indifférence, c'est à la fois haïr l'acceptation des choses comme elles vont et détester la confiance faite aux experts, qui n'est autre que la paresse qui contribue au cours des choses.
L'indignation ne suffit pas, si elle n'est que simple mouvement du coeur. Elle commande l'analyse.
Les axes de réflexion de ce regroupement de textes sont autant de pistes pour aujourd'hui : la politique et les politiques ; l'éducation des peuples ; la liberté et la loi ; les maux de l'État italien ; contre la guerre. Des textes qui remontent pourtant presque tous aux années 1917 et 1918. C'est à cette époque que Gramsci forge les principaux éléments de sa théorie.
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Philosophie de la révolution française ; Montesquieu
Bernard Groethuysen
- Gallimard
- Tel
- 14 April 1982
- 9782070209422
Cet ouvrage est composé d'un long fragment sur montesquieu et d'un essai sur la philosophie de la révolution française qui constitue la seconde et la plus importante partie du volume.
La philosophie de la révolution, selon bernard groethuysen, a pour tâche de montrer comment certains principes abstraits se concrétisent, deviennent pour ainsi dire des images vivantes qui correspondent aux impulsions de la volonté et personnifient en quelque sorte les buts vers lesquels tendent les hommes de l'époque.
Descartes à rousseau, qui, par leurs idées, leurs doctrines, l'atmosphère intellectuelle qu'ils ont créée, ont préparé l'évolution des esprits qui a abouti à la révolution.
De là il passe à l'idée du droit, dont le caractère révolutionnaire et universel a trouvé son expression dans la déclaration des droits de l'homme. enfin il expose les principes d'architecture sociale adoptés par la révolution.