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Pierre Bourdieu
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Images d'Algérie, une affinité élective
Pierre Bourdieu
Coup de coeur- Actes Sud
- Archives Privees
- 27 January 2003
- 9782742741366
Coédité par Actes Sud, Camera Austria et la Fondation Bourdieu, cet ouvrage a été conçu pour servir de catalogue à l'exposition "Pierre Bourdieu : Images d'Algérie. Une affinité élective", qui a eu lieu à l'Institut du monde arabe du 23 janvier au 2 mars 2003. Il réunit quelque cent cinquante des deux mille photographies prises par Pierre Bourdieu en Algérie, entre 1958 et 1961, dans le contexte d'un travail de terrain qui l'a profondément et durablement marqué sur les plans scientifique, politique et affectif.
Franz Schultheis, professeur à l'université Zeppelin de Friedrichshafen, en Allemagne, et président de la Fondation Bourdieu, et Christine Frisinghelli, de Camera Austria, à Graz, en Autriche, qui avaient longuement discuté avec l'auteur du sens et des multiples usages possibles de cette importante documentation photographique, ont mis en évidence, grâce à un savant montage images- textes, l'apport de Pierre Bourdieu à la connaissance de la société algérienne coloniale, mais aussi à la compréhension des origines et des objectifs de la lutte de libération nationale. -
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Algérie 60 : Structures économiques et structures temporelles
Pierre Bourdieu
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 February 1977
- 9782707301574
Bilan d'un ensemble de recherches statistiques et ethnographiques réalisées en Algérie autour des années 1960, cet ouvrage analyse les relations entre les structures économiques et les structures temporelles qui sont au principe des pratiques économiques, mise en réserve ou épargne, échange de don ou crédit, entraide ou coopération. Dans une économie pré-capitaliste, la logique de la reproduction simple et la vision cyclique de la durée qui en est corrélative interdisent toute appréhension d'un futur autre que celui qui est immédiatement inscrit dans le présent au titre de potentialité objective. À l'opposé, toute la logique d'un « cosmos économique » qui, comme celui qu'importe et impose la colonisation, est objectivement caractérisé par la prévisibilité et la calculabilité, exige une disposition prospective et calculatrice qui s'exprime aussi bien dans les calculs et les projets économiques de l'existence quotidienne que dans la projection d'un avenir révolutionnaire. L'analyse des variations des pratiques économiques et des représentations de l'économie en fonction de la position occupée dans le système économique permet d'établir les conditions économiques de possibilité des dispositions économiques dont la théorie économique crédite décisoirement tous les agents. Elle établit aussi les conditions économiques de la révolte contre les conditions économiques, apercevant dans la possession du minimum d'assurances sur l'avenir qui est la condition d'une appropriation rationnelle de l'avenir le principe de la différence entre les projets révolutionnaires des prolétaires et les attentes eschatologiques des sous-prolétaires.
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L'amour de l'art : les musees d'art europeens et leur public
Pierre Bourdieu
- Éditions du Minuit
- 1 March 1966
- 9782707300287
L'accès aux trésors artistiques est à la fois ouvert à tous et interdit en fait au plus grand nombre.
Qu'est-ce qui sépare des autres ceux qui sépare des autres qui fréquentent les musées ? les amoureux de l'art vivent leur amour comme affranchi des conditions et des conditionnements. ne fallait-il pas qu'ils fussent prédisposés à recevoir la grâce pour aller à sa rencontre et pour l'accueillir ? pourtant, le musée est un des lieux oú l'on ressent le plus vivement le poids des obligations mondaines : la pratique obligée peut-elle conduire à la vraie délectation ou bien le plaisir cultivé est-il irrémédiablement maqué par l'impureté de ses origines ? chaque visiteur des musées est enclin à suspecter la sincérité des autres : mais ne trahit-il pas par là qu'il sait que son amour doit aux arguments de la raison et à la force de la coutume autant qu'à l'inspiration du coeur ?
Ce livre essaie d'apporter à la question des réponses sociologiques, c'est-à-dire à la fois logiques et empiriques.
Sans craindre de manquer au bon goût, il prétend soumettre le bon goût à la rigueur de l'examen scientifique. en mettant en évidence les conditions sociales de l'accession à la pratique cultivée, il fait voir que la culture n'est pas un privilège de nature mais qu'il faudrait et qu'il suffirait que tous possèdent les moyens d'en prendre possession pour qu'elle appartienne à tous.
La présente édition est augmentée des résultats des enquêtes menées dans cinq pays européens : l'espagne, la grèce, l'italie, les pays-bas, la pologne.
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Ce que parler veut dire - l'economie des echanges linguistiques
Pierre Bourdieu
- Fayard
- 20 October 1982
- 9782213012162
Le discours n'est pas seulement un message destiné à être déchiffré; c'est aussi un produit que nous livrons à l'appréciation des autres et dont la valeur se définira dans sa relation avec d'autres produits plus rares ou plus communs. L'effet du marché linguistique, qui se rappelle à la conscience dans la timidité ou dans le trac des prises de parole publiques, ne cesse pas de s'exercer jusque dans les échanges les plus ordinaires de l'existence quotidienne: témoins les changements de langue que, dans les situations de bilinguisme, sans même y penser, les locuteurs opèrent en fonction des caractéristiques sociales de leur interlocuteur; ou, plus simplement, les corrections que doivent faire subir à leur accent, dès qu'ils sont placés en situation officielle, ceux qui sont ou se sentent les plus éloignés de la langue légitime.
Instrument de communication, la langue est aussi signe extérieur de richesse et un instrument du pouvoir. Et la science sociale doit essayer de rendre raison de ce qui est bien, si l'on y songe, un fait de magie: on peut agir avec des mots, ordres ou mots d'ordre. La force qui agit à travers les mots est-elle dans les paroles ou dans les porte-paroleoe On se trouve ainsi affronté à ce que les scolastiques appelaient le mystère du ministère, miracle de la transsubstantiation qui investit la parole du porte-parole d'une force qu'elle tient du groupe même sur lequel elle l'exerce.
Ayant ainsi renouvelé la manière de penser le langage, on peut aborder le terrain par excellence du pouvoir symbolique, celui de la politique, lieu de la prévision comme prédiction prétendant à produire sa propre réalisation. Et comprendre, dans leur économie spécifique, les luttes les plus éloignées, en apparence, de toute rationalité économique, comme celles du régionalisme ou du nationalisme. Mais on peut aussi, à titre de vérification, porter au jour l'intention refoulée de textes philosophiques dont la rigueur apparente n'est souvent que la trace visible de la censure particulièrement rigoureuse du marché auquel ils se destinent.
P. B.
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Le déracinement : la crise de l'agriculture traditionnelle en Algérie
Pierre Bourdieu
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 June 1964
- 9782707301567
L'observation statistique et ethnographique d'un des déplacements de populations rurales les plus brutaux et les plus massifs qu'ait connus l'histoire permet de saisir, au moment même oú elles sont ébranlées, les structures les plus fondamentales de l'économie et de la pensée paysannes.
Le déracinement, qui détruit les cadres spatiaux et temporels de l'existence ordinaire, achève ce que la généralisation des échanges monétaires avait commencé : par référence au seul travail désormais digne de ce nom, celui qui procure un revenu en argent, l'activité paysanne du passé, et toutes les valeurs qui lui étaient associées, se trouvent discréditées. mais le " métier ", qui fait découvrir la vanité du travail paysan, est aussi rare que jamais et cette sorte d'urbanisation négative qu'est la " dépaysannisation " s'accomplit dans la " bidonvillisation " des campagnes que favorise la création décisoire d'agglomérations dépourvues de fonctions économiques.
Cette analyse des processus sociaux qu'engendre la prétention d'accélérer l'histoire par la violence et dans l'ignorance des mécanismes déclenchés ne serait pas tout à fait inutile si elle pouvait contribuer à éviter que l'histoire ne se répète.
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La domination masculine est tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne l'apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en question. La description ethnographique de la société kabyle, véritable conservatoire de l'inconscient méditerranéen, fournit un instrument extrêmement puissant pour dissoudre les évidences et explorer les structures symboliques de cet inconscient androcentrique qui survit chez les hommes et les femmes d'aujourd'hui. Mais la découverte des permanences oblige à renverser la manière habituelle de poser le problème : comment s'opère le travail historique de déshistoricisation ? Quels sont les mécanismes et les institutions, Famille, Eglise, Ecole ou Etat, qui accomplissent le travail de reproduction ? Est-il possible de les neutraliser pour libérer les forces de changement qu'ils parviennent à entraver ?
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Les règles de l'art ; genèse et structure du champ littéraire
Pierre Bourdieu
- Points
- Points Essais
- 2 September 1998
- 9782020349758
C'est au xixe siècle que se construit un univers littéraire et artistique pleinement arraché aux bureaucraties d'etat, à leurs académies et aux canons du bon goût qu'elles imposaient.
Pierre bourdieu, décrivant la structure du champ littéraire dans ses configurations successives, montre d'abord ce que l'oeuvre de flaubert doit à la constitution du champ, c'est-à-dire en quoi flaubert écrivain est produit par ce qu'il contribue à produire.
En définissant la logique - sublimée dans les oeuvres - à laquelle obéissent écrivains et institutions littéraires, pierre bourdieu pose les fondements d'une science des oeuvres, dont l'objet serait la production non seulement de l'oeuvre elle-même mais aussi de sa valeur.
Loin d'anéantir le créateur sous l'effet des déterminations sociales liées à son milieu d'origine, l'analyse de l'espace des possibles qui sont inscrits dans un état déterminé du champ permet de comprendre le travail que l'artiste doit accomplir, contre ces déterminations et grâce à elles, pour se produire comme créateur, c'est-à-dire comme sujet de sa propre création.
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Pierre Bourdieu veut montrer que l'anthropologie ne peut s'accomplir comme science qu'à condition de prendre aussi pour objet les actes et les instruments de la pratique scientifique et, plus précisément, le rapport que le chercheur entretient avec son objet. C'est ce qu'il montre très concrètement en rappelant l'itinéraire qui l'a conduit à des recherches dites ethnologiques sur la civilisation Kabyle aux recherches dites sociologiques sur les aspects les plus divers de notre société, en passant par différentes études sur la société béarnaise dont il est originaire.
Ce que nous appelons pensée « primitive », « prélogique » ou « sauvage », n'est autre chose que la logique pratique à la fois commode et tournée vers l'action, à laquelle nous avons recours chaque jour, dans nos actions et nos jugements sur les autres et le monde. Parce que la logique logique, qui s'est construite contre les logiques pratiques, est un peu notre point d'honneur intellectuel, nous nous refusons à voir ce qu'est la logique réelle de notre action, jamais complètement logique, jamais complètement illogique. Il suffit de décrire cette logique, de l'objectiver, de la mettre sur le papier, pour apercevoir que le primitif, c'est nous ; que nous n'agissons pas autrement lorsque nous classons des hommes politiques, ou des mobiliers, ou des peintres, que les « primitifs », lorsque pour mettre de l'ordre dans leur monde, ils mettent en oeuvre des principes classificatoires comme masculin et féminin, sec et humide, haut et bas ou est et ouest.
Nous supportons avec beaucoup d'impatience les analyses des sociologues lorsqu'ils décrivent nos conduites dans le langage de la règle (en France, lorsqu'on est reçu à dîner, il faut apporter des fleurs en nombre impair) ou du rituel (en France, les femmes se marient en robe blanche, symbole de pureté). Pourtant nous ne voyons rien à redire lorsque les ethnologues emploient ce langage pour parler des peuples dits primitifs : et cela, tout particulièrement, lorsqu'il s'agit de mariage ou de rituel. C'est cette discordance que Pierre Bourdieu interroge, demandant pourquoi nous sommes spontanément objectivistes lorsqu'il s'agit des autres et pourquoi nous revendiquons pour nous-mêmes et nous seuls le privilège de la liberté et de la subjectivité. Les Béarnais (d'autrefois) ou les Kabyles, lorsqu'ils choisissent leur conjoint, n'obéissent pas plus à une règle que les Parisiens d'aujourd'hui. Et Pierre Bourdieu se moque de ceux qui, à force de parler de « mariage préférentiel » avec la cousine croisée ou la cousine parallèle, finiront un jour par démontrer, de préférence mathématiquement, que deux cousines parallèles à une même troisième sont parallèles entre elles.
Critiquer la notion de règle ou de coutume ou de droit et toutes les notions équivalentes, qui n'expliquent jamais rien, puisqu'il faut encore expliquer pourquoi on obéit à la règle, à la coutume ou au droit plutôt que de lui désobéir, ce n'est pas abandonner les pratiques à l'inexplicable. Il suffit de se placer au point de vue de la pratique, qui est celui des acteurs, pour savoir que les pratiques ont pour principe, non des règles, mais des stratégies ; et que ces stratégies ne sont pas livrées au hasard. Comme aux cartes, elles dépendent - on le voit bien dans le cas du mariage - de la donne (capital possédé, nombre d'enfants à marier, etc.) et de l'art de jouer. La même chose est vraie dans le cas des pratiques rituelles qui ne sont ni des séquences insensées d'actes sans queue ni tête, ni les actes inspirés d'une liturgie mystique, ni les opérations logiques d'une sorte d'inconscient calculateur (comme chez Lévi-Strauss), mais des séquences pratiques d'actes orientés par un sens analogique, un «démon de l'analogie» comme dit Mallarmé, qui est caractéristique d'une société déterminée et qui nous fait par exemple apercevoir une affinité immédiate entre la femme et la lune. Le mouvement qui conduit de la règle à la stratégie est le même qui mène de la pensée « prélogique » ou « sauvage » au corps géomètre, « corps conducteur » tout entier traversé par la nécessité du monde social. - « Je crois que j'ai fait une découverte théologique », dit Charlie Brown, le héros de la bande dessinée de Schulz. - « Laquelle ? » - « Si on tient les mains tournées vers le bas, upside down, on obtient le contraire de ce pour quoi on prie. » La pratique rituelle, comme la plupart des pratiques, est une gymnastique symbolique, dans laquelle le corps pense pour nous.
Une véritable compréhension des pratiques autres ou propres suppose un double travail : il s'agit d'objectiver les structures objectives ou incorporées, ce qui suppose une mise à distance, fondée sur l'emploi de techniques d'objectivation. Une science sociale vraiment rigoureuse suppose ce double mouvement, qui conduit au-delà de l'objectivisme, moment inévitable (symbolisé en ethnologie par l'oeuvre de Lévi-Strauss) et du subjectivisme (représenté sous une forme limite par la phénoménologie « sartrienne ») : objectiver les structures objectives (par exemple, les régularités statistiques des pratiques) ou incorporées (par exemple, les catégories sociales de perception, comme brillant / terne, distingué / vulgaire, etc.) mais aussi objectiver l'objectivation, c'est-à-dire les opérations qui rendent possible l'accès à cette « vérité objective » et le point de vue à partir duquel elles s'opèrent. Et découvrir ainsi qu'il y a une objectivité du subjectif, que la représentation que les acteurs se font de leur pratique et que le chercheur, armé de ses instruments d'objectivation (statistique, observation, etc.) doit détruire pour saisir les structures objectives, fait encore partie de l'objectivité. Les illusions collectives ne sont pas illusoires et les mécanismes les plus fondamentaux tels ceux de l'économie, ne pourraient fonctionner sans le soutien de la croyance qui est au principe de l'adhésion accordée aux jeux sociaux et à leurs enjeux.
Pierre Bourdieu nous donne ici une théorie de l'action qui n'est pas à elle-même sa fin mais qui est la condition d'une interprétation adéquate des pratiques : et cela aussi bien de celles que privilégie d'ordinaire l'ethnologie, comme le mariage et le rituel, que de celles qui retiennent plutôt l'attention du sociologue, comme les conduites économiques ou les pratiques culturelles. Ce qui revient à réintégrer les disciplines séparées dans l'unité d'une anthropologie.
----- Table des matières ----- Préface Livre 1. Critique de la raison théorique : Avant-propos - Chapitre 1. Objectiver l'objectivation - Chapitre 2. L'anthropologie imaginaire du subjectivisme - Chapitre 3. Structures, habitus, pratiques - Chapitre 4. La croyance et le corps - Chapitre 5. La logique de la pratique - Chapitre 6. L'action du temps - Chapitre 7. Le capital symbolique - Chapitre 8. Les modes de domination - Chapitre 9. L'objectivité du subjectif Livre 2. Logiques pratiques : Avant-propos - Chapitre 1. La terre et les stratégies matrimoniales - Chapitre 2. Les usages sociaux de la parenté : L'état de la question. Les fonctions des relations et le fondement des groupes. L'ordinaire et l'extra-ordinaire. Stratégies matrimoniales et reproduction sociale - Chapitre 3. Le démon de l'analogie : La formule génératrice. La partition fondamentale. Seuils et passages. La transgression déniée. Transferts de schèmes et homologies. Le bon usage de l'indétermination Annexe. La maison ou le monde renversé Bibliographie - Index
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Le discours économique classique repose sur des postulats qu'il présente comme allant de soi : offre et demande posées de façon indépendante, individu rationnel connaissant son intérêt et sachant faire le choix qui y correspond, règne inconditionnel des prix... Or il suffit d'étudier de près une transaction, comme Pierre Bourdieu le fait ici pour la vente et l'achat immobiliers dans le Val d'Oise, pour s'apercevoir que ces postulats abstraits ne rendent pas compte de la réalité.
Le marché est construit par l'État, qui peut par exemple décider de favoriser l'accès à la maison individuelle ou à l'habitat collectif ; quant aux personnes impliquées dans la transaction, elles sont immergées dans des constructions symboliques qui font, au sens fort, la valeur des maisons, des quartiers ou des villes.
L'abstraction illusoire des postulats classiques est d'ailleurs critiquée aujourd'hui par certains économistes ; mais il faut aller plus loin : l'offre, la demande, le marché, et même l'acheteur et le vendeur, sont le produit d'une construction sociale, de sorte qu'on ne peut décrire adéquatement les processus dits « économiques » sans faire appel à la sociologie.
Au lieu de les opposer, comme on le fait traditionnellement, il est temps de comprendre que sociologie et économie constituent en fait une seule et même discipline ayant pour objet l'analyse de faits sociaux, dont les transactions économiques ne sont après tout qu'un aspect.
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Le gouvernement a fait saisir, le 19 juin, les exemplaires d'un livre, La Gangrène, que venaient de publier Les Éditions de Minuit. Ce livre reproduisait des déclarations de cinq détenus algériens, pour la plupart étudiants, qui affirmaient avoir été abominablement torturés dans les locaux de la D.S.T., rue des Saussaies, à Paris, entre le 2 et le 12 décembre 1958.
Le gouvernement a justifié cette saisie, dans un communiqué officiel, par le caractère « infamant et mensonger » du livre. Jeudi, au Sénat, répondant à une interpellation de M. Deferre, M. le premier ministre ajoutait que cet « ouvrage infamant », « affabulation totale qui ne saurait représenter en quoi que ce soit l"ombre de la vérité » avait été « rédigé par deux écrivains stipendiés du parti communiste ».
Que le gouvernement considère les faits évoqués dans La Gangrène comme infâmes, il n'est pas un Français qui ne s'en réjouira.
Jérôme Lindon, 29 juin 1959 Ce livre publié en juin 1959 a été aussitôt saisi.
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Provocation à la Désobéissance. Le procès du Déserteur
Collectif
- Éditions de Minuit
- Documents
- 1 January 1962
- 9782707304834
On se rappelle comment, en décembre 1961, l'opinion française assista à cet épisode grotesque, qu'on n'ose dire scandaleux, tant nous avons vu de scandales, mais d'une qualité particulière d'absurdité : le jugement et la condamnation de Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, pour avoir publié Le Déserteur, roman. Jérôme Lindon vient de publier, sous le titre « Provocation à la désobéissance » le compte rendu sténotypique des débats, augmenté de quelques pièces annexes, lettres et documents. L'aspect mineur du scandale est celui qui apparaît le premier : poursuivre un éditeur, sous prétexte qu'il a publié un roman contenant certains traits autobiographiques (ce qui est le cas de bien des romans !) en lui imputant les opinions d'un personnage de ce roman. Mais le véritable scandale n'est pas là : il est d'abord d'entendre des magistrats user, pour arriver à une condamnation, d'une dialectique boîteuse, de citations tronquées, d'affirmations qu'on aimerait croire sincères. « Tout le monde est d'accord contre la torture », affirment juges et procureurs. Et de condamner Lindon. [.]. Dans les grands procès politiques de ces dernières années, celui du réseau Jeanson, celui de Georges Arnaud, celui de l'abbé Davezies, les débats prenaient l'allure d'un véritable combat politique, et la défense démontrait clairement l'inanité du prétendu « arbitrage » d'un tribunal acquis par avance, pour des raisons politiques, au thèses de l'accusation.
Paul-Louis Thirard, Tribune socialiste, 24 février 1962
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Robert Bonnaud est professeur agrégé d'histoire à Marseille.
Rappelé en 1956 pour servir en Algérie, il a la pensée de refuser de partir, mais il cède et séjourne chez les Nementchas où il se livre à une propagande active contre la guerre d'Algérie, tandis qu'il fraternise volontiers avec les indigènes. Au retour, il témoigne de ce qu'il a vu, cherche à faire l'union des partis de gauche pour imposer la paix, contribue à fonder l'Union de la gauche socialiste sans accepter d'en faire partie.
Puis, dans les groupes de Jeune Résistance, continue inlassablement le même combat. Il est arrêté en juin 1961 et enfermé dans la prison des Baumettes. Sous le titre Itinéraire ont été rassemblées des lettres écrites d'Algérie, une correspondance avec Marius Chatignon, collaborateur de la revue Esprit, et des lettres de prison. La pensée est toujours ferme, toujours orientée dans le même sens, malgré les épreuves subies.
Evidemment, on est très loin de la littérature officielle. Telle quelle, cette plaquette vaut comme témoignage d'un état d'esprit plus répandu sans doute qu'il n'y paraissait parmi les hommes du contingent ou les rappelés, mais que la prudence ou la méfiance empêchaient de se manifester. AM, Les Livres, décembre 1962.
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Il s'agit de correspondances publiées, depuis 1958 pour la plupart, à propos de faits ou d'articles concernant la guerre d'Algérie.
"Alors qu'auparavant, écrit Charlotte Delbo qui a composé ce recueil, l'indignation explosait en manifestations et en actions collectives..., elle n'a plus aujourd'hui le moyen de s'exprimer... Il n'y a plus de vie politique... Privé d'autres moyens d'agir on écrit des lettres." A propos de La Question, du Manifeste des 121, de Francis Jeanson, de Georges Arnaud... entre autres sujets. Parmi les textes rassemblés dans Les Belles Lettres certains n'avaient jamais été publiés dans leur intégralité.
Quelques-uns auraient mérité une diffusion plus large que celle qui leur fut accordée. Ainsi, par exemple, la lettre adressée par dom Robert Gillet, bénédictin, à Laurent Schwartz après ses démêlés avec le ministre des Armées : "J'ai toujours pensé que Dieu avait de l'imagination et de l'humour. Il est certainement très content de vous..." D'autres messages - comme les derniers mots des exécutés de Montluc ou de la Santé - sont tragiques et graves, peu connus eux non plus [...].
Ces Belles Lettres, pour la plupart, valent d'être lues et relues. AJ, Le Monde, 9-10 avril 1961.
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Publié en 1961, à une époque où la violence coloniale se déchaîne avec la guerre d'Algérie, saisi à de nombreuses reprises lors de sa parution aux Éditions François Maspero, le livre Les Damnés de la terre, préfacé par Jean-Paul Sartre, a connu un destin exceptionnel. Il a servi - et sert encore aujourd'hui - d'inspiration et de référence à des générations de militants anticolonialistes. Son analyse du traumatisme du colonisé dans le cadre du système colonial et son projet utopique d'un tiers monde révolutionnaire porteur d'un " homme neuf " restent un grand classique du tiers-mondisme, l'oeuvre capitale et le testament politique de Frantz Fanon.
Dans cette édition, la préface d'Alice Cherki, psychiatre et psychanalyste, auteur du Portrait de Frantz Fanon (Le Seuil, 2000), et la postface de Mohammed Harbi, combattant de la première heure pour la libération de son pays et historien de l'Algérie contemporaine, auteur de Une vie debout. Mémoires politiques 1945-1962 (La Découverte, 2001), restituent l'importance de la pensée de Frantz Fanon. -
En 1956, l'auteur de ce récit autobiographique a été rappelé en Algérie dans un régiment parachutiste pour participer à ce qu'on appelait faussement « La pacification ».
Mais un jour, afin de soustraire à une exécution sommaire un jeune rebelle blessé, il le libère et déserte avec lui pour l'aider dans son évasion.
Après une fuite d'une semaine dans le désert, ils réussissent à rejoindre l'Armée de Libération Nationale. L'auteur resta dix mois avec les combattants de l'A.L.N. avant de gagner Tunis et de là les États-Unis.
En 1966, blanchi des deux condamnations à mort prononcées contre lui, il a pu revenir en France.
Une semaine après sa parution aux Éditions de Minuit en octobre 1960, Le Désert à l'aube était saisi et sa diffusion interdite. -
En 1960, je faisais mon service militaire en Algérie.
L'armée française avait décidé que les autochtones devaient avoir une carte d'identité française pour mieux contrôler leurs déplacements dans les " villages de regroupement ". J'ai ainsi photographié près de deux mille personnes, en grande majorité des femmes, à la cadence de deux cents par jour. J'ai reçu leur regard à bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente. Je veux leur rendre témoignage.
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Avant même de partir en Algérie, en mars 1960, pour y effectuer son service militaire, Marc Garanger a pleinement conscience de l'impact qu'il peut détenir par le seul usage de son appareil photo. À vingt-cinq ans, il photographie depuis ses quinze ans et en a fait une profession depuis deux. Il part de l'autre côté de la Méditerranée avec une culture politique déjà bien établie, acquise dans les milieux intellectuels du Lyon universitaire des années cinquante. Avec l'écrivain Roger Vailland, il a décortiqué les mécanismes de cette guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom. Une fois sur place, il s'est donc juré - à la guerre comme à la guerre - que lui et son oeil en seraient les témoins. Affecté en Kabylie dans un régiment d'infanterie, il laisse traîner sur un bureau quelques-unes de ses photos. Le stratagème fonctionne : le commandant demande à Garanger de devenir le « photographe du bataillon », une fonction improbable prévue dans aucun code militaire... Marc installe un labo de fortune sous un escalier et, pendant deux ans, va réaliser des dizaines de milliers d'images - sur ordre, et souvent hors de toute instruction. Pour témoigner. Pendant son unique permission, il traversera clandestinement la frontière suisse pour déposer ses photos sur le bureau de la rédaction de « L'Illustré ». Charles-Henri Favrod les publiera pour dénoncer ce qui se passait alors réellement en Algérie ! Après l'indépendance, Garanger obtiendra le prix Niepce. Ses albums sont devenus des « classiques » de la photographie sur la guerre d'Algérie. En août 2004, pour le cinquantenaire du déclenchement de l'insurrection algérienne, « Le Monde » lui propose de retourner dans la zone même où il avait séjourné et photographié, uniforme sur le dos, quarante-cinq ans auparavant. Objectif : réaliser un cahier photos spécial « passé-présent ». Et pour ce faire, retrouver les lieux et les personnes, combattants du FLN capturés et restés en vie ou petites gens qui résidaient au « bled », qu'il avait alors photographiés, pour montrer ce qu'ils étaient devenus, raconter leur parcours depuis lors. Son reportage, bouleversant, avec des textes d'accompagnement de Sylvain Cypel, sera publié le 28 octobre 2004, constituant le coeur du cahier spécial que le grand quotidien consacre à l'événement. Des photos, là encore, Marc Garanger en avait réalisées beaucoup plus que ce que « Le Monde » a publié. En collaboration avec le journaliste avec qui il avait alors collaboré, un ouvrage est en préparation chez Atlantica. Un travail qui veut, d'abord, oeuvrer à la réconciliation.
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Quand ils avaient mon âge ; Algérie 1954-1962
Gilles Bonotaux, Hélène Lasserre
- Autrement
- Autrement Jeunesse
- 29 January 2008
- 9782746702448
Alger, 1954-1962. Après l'école, Youssef, Khellil, David et Jean-François aimaient bien se retrouver à la pointe Pescade, la plage d'Alger. Jouer aux pirates, aux osselets avec les petits os de l'agneau du couscous, embêter les filles, ou déguster des beignets de sardines... On ne s'ennuyait jamais ! Mais un climat de méfiance et de tension allait bientôt remplacer l'insouciance... Un fossé se creusait entre Arabes et Français, et à l'école chacun répétait sans comprendre ce qu'il avait entendu à la maison. De nouveaux noms comme De Gaulle, l'OAS et le FLN apparaissaient...
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Pour en finir avec la repentance coloniale
Daniel Lefeuvre
- Flammarion
- Champs Actuel
- 28 February 2008
- 9782081213067
Après celle de la guerre d'Algérie, une nouvelle génération d'anticolonialistes s'est levée, qui mène combat pour dénoncer le péché capital que nous devons tous expier : notre passé colonial, à nous Français. Battons notre coulpe, car la liste de nos crimes est longue ! Nous avons pressuré les colonies pour nourrir notre prospérité, les laissant exsangues à l'heure de leur indépendance ; nous avons fait venir les «indigènes» au lendemain des deux guerres mondiales pour reconstruire la France, quitte à les sommer de s'en aller quand nous n'avions plus besoin d'eux ; surtout, nous avons bâti cet empire colonial dans le sang et les larmes, puisque la colonisation a été rien moins qu'une entreprise de génocide : Jules Ferry, c'était, déjà, Hitler ! Contrevérités, billevesées, bricolage... voilà en quoi consiste le réquisitoire des Repentants, que l'auteur de ce livre a entrepris de démonter, à l'aide des bons vieux outils de l'historien - les sources, les chiffres, le contexte. Pas pour se faire le chantre de la colonisation, mais pour en finir avec la repentance, avant qu'elle transforme notre Histoire en un album bien commode à feuilleter, où s'affrontent les gentils et les méchants.
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Algérie 1954-1962 ; lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre
Benjamin Stora, Tramor Quemeneur
- Les Arenes
- Documents Arenes
- 16 February 2012
- 9782352041870
Collés dans la page, glissés dans des enveloppes, des documents historiques, reproduits à l'identique à déplier et à découvrir, notamment : La carte de l'Algérie en 1954 ; L'album d'un pied-noir d'Oran ; Le livret français-arabe distribué aux appeles ; Un exemplaire du journal clandestin du FLN ; Un cahier de classe d'une école de Mostaganem ; Des tracts anti-FLN de l'armée française ; Le manuscrit original du discours du général de Gaulle " Je vous ai compris " ; Une lettre d'Albert Camus ; Un manuscrit inédit de Jules Roy sur la Kabylie ; La lettre d'un déserteur à ses parents ; Une note de service à l'occasion d'un essai atomique dans le Sahara ; La dernière lettre d'un soldat prisonnier de l'AIN avant d'être exécuté ; La une de Libération le jour du cessez-le-feu ; etc. Algérie 1954-1962 rassemble toutes les mémoires de ce combat fratricide : pieds-noirs, appelés, nationalistes du FLN et du MNA, partisans de l'Algérie française, opposants à la guerre, harkis. A lire et à manipuler en famille pour comprendre le quotidien d'une guerre qui déchira la France et l'Algérie.
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Les porteurs de valises. la resistance francaise a la guerre d'algerie
Hamon/Rotman
- Points
- 1 March 1982
- 9782020060967
Les porteurs de valises.
" un livre passionnant, bourré de révélations et de documents inédits. " bernard alliot, le monde.
" une grande honnêteté. ceux qui n'ont pas connu les évènements d'algérie apprendront ici ce qui n'a jamais été publié. " paul-marie de la gorce, le figaro.
" documentation exceptionnelle, enquête minutieuse. une exceptionnelle réussite dans l'investigation historique. ce livre peut être lu comme un roman d'aventures.
" jean-louis péninou, libération.
" un livre passionnant qui ouvre un dossier dont la censure et la prudence avaient caviardé bien des pages. " dominique jamet, l'aurore " a notre sens, ils (les auteurs) donnent. une image fidèle et véridique de l'état des relations entre le front de libération nationale, dirigeant la lutte pour la reconquête de l'indépendance, et les divers partis de la gauche française.
" r. c. , el moudjahid, 29-12-1979.
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La première édition de La Question d'Henri Alleg fut achevée d'imprimer le 12 février 1958. Des journaux qui avaient signalé l'importance du texte furent saisis. Quatre semaines plus tard, le jeudi 27 mars 1958 dans l'après-midi, les hommes du commissaire divisionnaire Mathieu, agissant sur commission rogatoire du commandant Giraud, juge d'instruction auprès du tribunal des forces armées de Paris, saisirent une partie de la septième réédition de La Question. Le récit d'Alleg a été perçu aussitôt comme emblématique par sa brièveté même, son style nu, sa sécheresse de procès-verbal qui dénonçait nommément les tortionnaires sous des initiales qui ne trompaient personne. Sa tension interne de cri maîtrisé a rendu celui-ci d'autant plus insupportable : l'horreur était dite sur le ton des classiques. La Question fut une météorite dont l'impact fit tressaillir des consciences bien au-delà des " chers professeurs ", des intellectuels et des militants. A l'instar de J'accuse, ce livre minuscule a cheminé longtemps.
Jean-Pierre Rioux, " La torture au coeur de la République ", Le Monde, 26-27 avril 1998